Le rassemblement de Quimper aura été sans conteste un succès populaire exprimant, à un niveau de masse, une forte colère vis-à-vis du gouvernement et une opposition à ses politiques sociales, environnementales et fiscales.
Certes la configuration laissait prise à beaucoup de confusion voire de manipulations diverses.
La décision du NPA et de plusieurs autres groupements de gauche (Alternatifs, Attac…) de maintenir son appel à ce rassemblement répondait à plusieurs exigences :
d’abord assumer l’engagement de solidarité aux salarié-es de l’agro-alimentaire licencié-es, engagement pris lors de la réunion de Carhaix, le 18 octobre devant plus de 600 personnes,
ensuite de ne pas laisser le champ libre aux patrons et aux dirigeants agricoles pour récupérer le mouvement de colère des salariés et de faire apparaître un pôle ouvrier anticapitaliste dénonçant les licenciements, les conditions de travail lamentables des ouvrier-es de l’agroalimentaire, les salaires dérisoires.
Enfin d’affirmer que la crise actuelle de l’industrie bretonne est la faillite d’un modèle économique productiviste marqué par la fuite en avant et le refus de prendre en compte les impératifs écologiques.
Ces objectifs ont été remplis.
Ce positionnement a contrasté avec le délire verbal de JL Mélanchon, qui s’est autorisé (à quel titre ?) à insulter les milliers de salarié-es présents à Quimper, en les caractérisant « d’esclaves [manifestant] pour les droits de leurs maitres » et allant « baiser la main qui les frappe » « derrière les saigneurs de leur époque !".
Sauf qu’à la manif de Carhaix qu’appelait à rejoindre Mélanchon, il y avait 15 à 30 fois moins de personnes qu’à Quimper, certes tout à fait respectables, mais bien que réunies par la CGT, la FSU, Solidaires et certains partis du Front de Gauche, celles-ci n’était pas franchement en prise avec la réalité et l’urgence sociale....
Les directions des principales organisations du mouvement ouvrier breton n’ont donc pas été suivies dans leur diversion. On ne peut que regretter qu’au lieu d’aller résolument à Quimper, pour prendre la direction de ce qui aurait pu être un soulèvement régional des travailleurs contre le gouvernement et ses politiques, elles ont manœuvré pour diviser les salarié-es et les chômeurs, laisser une partie du champ libre aux directions paysannes, patronales et du PS.
La suite nous dira s’il est possible de « recoller les morceaux » et développer des initiatives unitaires de classe permettant une coordination des salarié-es, précaires, chômeurs, licencié-es afin de construire une véritable opposition de gauche au gouvernement et ses politiques austéritaires.
C’est la seule façon de contrer les vélléïtés de récupération de la colère sociale par les réactionnaires de tous poils.
2/11/2013