A Cologne, l’affaire de la nuit de la Saint-Sylvestre continue d’enfler... Hier deux Pakistanais et un Syrien ont été gravement blessés alors que les auteurs suspectés de cette agression ont appelé sur les réseaux sociaux à « une chasse à l’homme »...
Les plaintes continuent d’augmenter, il y aurait en tout plus de 500 plaintes dont au moins 40% relatives à des agressions sexuelles et même à plusieurs viols. Toutes ces agressions ont eu lieu la nuit de la Saint-Sylvestre aux alentours de la place de la gare de Cologne. Près de 2000 hommes, regroupés par groupes de 40 ou 60 hommes ont donc agressé des femmes. La première réaction des médias et du gouvernement a d’abord et avant tout un silence assourdissant de plusieurs jours autour de violence coordonnée contre des femmes. Mais la police, a très rapidement fait circulé le bruit que ses agressions étaient le fait... des réfugiés demandeurs d’asile syriens, alors que rien ne laissait indiquer cela.
En effet, ces agressions massives ne peuvent être le fait que de groupes un minimum coordonné. Difficile à croire donc... Pourtant la polémique à continué, amplifiée par l’extrême-droite, en particulier par le groupe Pegida essayant de s’implanter ailleurs que dans son bastion à Dresde. Samedi, ils ont donc tenté d’organiser une manifestation demandant la démission d’Angela Merkel regroupant au moins 1700 personnes, mais regroupant uniquement des militants d’extrême-droite reconnus. Les forces de l’ordre sont rapidement intervenus pour disperser la manifestation.
Dimanche, cela a conduit à l’agression de personnes immigrées, dégradant encore un peu plus le climat raciste ambiant.
Toujours plus de sécuritaire... Toujours plus de racisme
Si le gouvernement allemand a d’abord condamné les déclarations de la police,et appelé à ne pas tomber dans la stigmatisation, le chef de la police a d’ailleurs été suspendu depuis, le discours d’Angela Merkel a pris une tournure quelque peu différente : « si les réfugiés ont commis un délit", cela doit « avoir des conséquences, (...) cela veut dire que le droit (de séjour) doit s’arrêter » et ce « s’il y a une peine de réclusion, même avec sursis » mais aussi « « Il est important que là où la loi n’est pas suffisante, elle soit modifiée ». La promesse pour empêcher les violences sexistes ? Plus de caméras de surveillance et de policiers dans les rues...
Julia Klöckner, la vice-présidente de la CDU, le parti d’Angela Merkel déclarait au quotidien Die Welt : « Dans le cas des personnes issues de l’immigration, il y a certes un patient travail d’intégration à mener mais il faut aussi des règles claires, si nécessaire des sanctions et dans le cas de potentiels délits, naturellement toute la rigueur de la justice et de la dissuasion ». Le sexisme et les violences sexistes seraient donc le fait d’autres cultures pas encore bien civilisées, gommant la responsabilité des gouvernements occidentaux en matière de violences sexistes... Ce serait oublier bien vite les femmes qui décèdent partout en Europe sous les coups de leurs conjoints, ce serait oublier bien vite les plaintes pour viol qui sont pour le plus souvent classées sans suite. Ce serait oublier qu’en France par exemple, une femme a été condamnée à dix ans de prison pour avoir tuer l’homme qui l’a battu pendant plus de vingt ans.
Contre le racisme, le sexisme et l’extrême-droite
En Allemagne comme dans d’autres pays d’Europe, on observe une droitisation des discours dans un climat de plus en plus délétère. Dans une situation de crise le racisme et les agressions sexistes augmentent. L’extrême-droite en profite. La meilleure réponse est bien de refuser l’utilisation d’oppriméEs, pour en opprimer d’autres. De continuer à soutenir les luttes des migrantEs et de combattre l’extrême-droite. Lutter contre les violences faites aux femmes passera par la mise en place d’un rapport de forces des femmes elles-même comme cela a commencé dans l’Etat Espagnol autour du #7N : il n’y aura pas de raccourcis.
Mimosa Effe