Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Ille et Vilaine (35)
  • Cuba : visite « historique » ou voyage d’affaires ?

    Dans sa grande misère, le gouvernement Hollande a une capacité énorme pour transformer en mesquinerie ce qui pourrait être un événement politique. C’est le cas du voyage du président à Cuba et de son entretien avec Fidel Castro.

    L’ensemble du voyage a été tellement marqué par les affaires et les manœuvres que la première visite d’un président français à Cuba est devenue une banalité. On pourrait d’ailleurs dire la même chose de Raul Castro. Quelques jours plus tôt, il avait rendu visite au pape, et avait déclaré à la sortie : « Si le pape continue ainsi, je vais retourner à la prière et à l’Église »...

    Une brèche est ouverte
    Cette visite est pourtant pleine de sens parce que Cuba souffre encore de l’embargo criminel des USA. C’est seulement en décembre dernier que les USA et Cuba ont repris le dialogue afin de rétablir des relations diplomatiques. Cuba vient de perdre son label de pays terroriste, et Obama a rencontré Castro au sommet de Panama il y a quelques semaines. En septembre, le pape doit visiter Cuba et les USA. En juin, le sommet Union européenne – CELAC (Communauté d’États d’Amérique latine et de la Caraïbe) doit officiellement mettre fin à la limitation des relations avec Cuba justifiée par le non-respect des droits de l’homme.
    La brèche est ouverte et la France doit s’y engouffrer. D’autant plus que la France a toujours été opposé à l’embargo, sans faire bien entendu beaucoup de bruit, parce que cela gênait ses intérêts impérialistes et ceux des USA. Même Sarkozy avait tenté un rapprochement avec Cuba, en y envoyant Jack Lang à cet effet.
    La politique d’Obama et dans son sillage celle de Hollande font partie des efforts de « normalisation », de règlement des conflits, dans toute l’Amérique latine, afin de pouvoir intervenir avec toute la brutalité nécessaire dans d’autres régions du monde. C’est la raison pour laquelle le gouvernement de Colombie négocie avec les FARC à La Havane.

    L’impérialisme français aux aguets
    La France a l’habitude de parler d’indépendance nationale et de culture en Amérique latine pour masquer et protéger sa politique impérialiste, depuis de Gaulle et sa tournée de 1964 en passant par Mitterrand et son discours de ­Cancun. Mais les investissement français sont aussi négatifs, prédateurs et usuriers que par exemple ceux des USA, que ce soit en Afrique... ou en Amérique latine.
    Cuba Coopération, l’organisme de collaboration entre le PCF et le gouvernement cubain, résume parfaitement le sens de la visite : « Des esprits chagrins, certains amis de Cuba s’y sont joints, ont retenu que le Président (Hollande) se faisait le VRP des entreprises françaises. Et alors, qui s’en plaindra ? Sûrement pas les Cubains dont les dirigeants espèrent que les investissements étrangers, indispensables au développement de l’économie, atteindront 2,5 milliards par an ! » (Lettre électronique du 14 mai 2015).
    Nous faisons partie des militants solidaires de la révolution cubaine et de son combat contre l’impérialisme, mais en désaccord avec la politique de restauration capitaliste en cours.

    Cuba en recherche d’une transition
    Le PCF a très bien résumé la séquence : «  La visite du président François Hollande à Cuba marque un moment fort, un geste politique de grande importance dans les relations entre la France et Cuba. Elle ouvre un large éventail de possibilités de coopération dans des domaines différents » (Déclaration du PCF le 13 mai 2015).
    Les gestes politiques auront été très remarqués, telle la cérémonie de remise de la Légion d’honneur au cardinal Jaime Ortega, un pont entre le gouvernement cubain et son opposition. De son côté, Hollande a retiré de la conversation avec Fidel un appui à la politique de la France pour la COP 21. Le gouvernement cubain cherche une transition « pacifique », et la France l’appuie parce que c’est favorable à ses propres intérêts.
    Dans son salut à Hollande au pied de l’avion, Raul Castro a tenu des propos assez clairs : « Pourquoi devrait-on aller vite au risque de commettre des fautes ? On est en train de prouver beaucoup de choses, (…) et surtout on ne veut pas prendre de mesures qui signifieraient des sacrifices pour notre peuple. C’est important et notre peuple le comprend. » Tout un processus à contrôler, afin d’éviter des convulsions qui pourraient devenir des catastrophes.

    Marcelo N.