Les commentaires sur la Grèce fluctuent au rythme des réunions internationales et des déclarations d’Alexis Tsipras et de ses ministres. En fait, en ce début d’avril, trois points importants se dégagent.
Le premier est la poursuite de l’étranglement économique de la Grèce. Le gouvernement Tsipras a reculé sur la plupart des mesures avancées lors de la campagne électorale de Syriza, mais ce que veulent maintenant l’Union européenne (UE) et le FMI, c’est que soient appliquées des mesures d’austérité dans la continuité de la politique de la droite. Pour l’instant, Alexis Tsipras renâcle encore sur quelques points et annonce même la mise en œuvre de quelques mesures sociales, comme dernièrement 4 500 recrutements de personnels de santé et la suppression du forfait hospitalier. Mais il est clair que l’heure des choix s’approche : on ne peut à la fois payer la dette, laisser les capitaux filer et les banques grecques faire ce qu’elles veulent, et résister longtemps aux diktats de l’UE...
Le deuxième point est que les ministres grecs multiplient les déclarations contradictoires, ensuite démenties : sur certaines privatisations, sur la capacité de la Grèce à faire face aux prochaines échéances, sur les manifestations anarchistes... Derrière cela, il y a une raison fondamentale : les contradictions internes à Syriza, dont toute une aile n’est pas prête à accepter les « compromis douloureux » dont parlent certains cadres gouvernementaux. D’ailleurs, l’influent quotidien économique anglais Financial Times écrivait ce 5 avril que plusieurs dirigeants européens expliquent en privé qu’un remodelage du gouvernement grec est nécessaire avec le départ de la gauche de Syriza et l’entrée du parti centriste To Potami, voire du Pasok. « Tsipras doit décider s’il veut être Premier ministre ou leader de Syriza », a ainsi déclaré un dirigeant européen au journal.
Le troisième point est un début de mouvement d’en bas. Une « caravane de solidarité et de lutte », émanant de plusieurs secteurs combatifs de la Grèce du nord, a débouché sur une manifestation le lundi 6 avril à Athènes. Le 1er avril avaient eu lieu à Athènes et dans plusieurs autres villes des manifestations de retraitéEs demandant le rétablissement de leurs droits. Ces mobilisations sont encore limitées, mais le développement de ce mouvement d’en bas – et la capacité de la gauche radicale dans et hors de Syriza à s’y lier et à l’amplifier – est décisif.