Attendue avec des interrogations plus ou moins bienveillantes, la journée de mobilisation du 12 septembre a été un succès, qui appelle des suites.
En effet, nous nous sommes retrouvéEs des dizaines de milliers dans les rues de Paris et de plus de 150 villes en régions dont plus de 5000 à Marseille, Toulouse, Bordeaux, Le Havre, Nantes, Lyon où, ville du ministre de l’Intérieur oblige, la police a multiplié les provocations et procédé à des arrestations. À Paris, le cortège était étonnamment ouvert par un solide cortège de forains mobilisés contre une ordonnance modifiant les appels d’offres dans les villes. Partout une détermination qui augure plutôt bien de l’indispensable, des indispensables suites à donner.
Un ton connu…
Il faut dire que Macron a largement contribué à convaincre les moins convaincuEs. Sur un ton rappelant, en pire, celui du Juppé de 1995 ou de Sarkozy 2012, du haut de se son score de 18% des inscritEs à l’élection présidentielle et de ses 37% de satisfaction dans les sondages, il a exprimé toute sa hargne et son mépris de classe de valet du patronat. Avec le vocabulaire d’un petit patron réactionnaire Macron a affirmé : « je serai d’une détermination absolue, je ne cèderai rien ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes ». Et, pour celles ou ceux qui auraient pu penser qu’il s’agissait d’un écart de langage et ce, malgré les bafouillages de la communication gouvernementale, Macron a d’une part maintenu ses propos et, d’autre part, annoncé de nouvelles attaques contre les cheminotEs, probablement au premier rang des « fainéants », dont le statut et le régime de retraite vont être mis à mal. Ainsi Macron et son gouvernement complètent la multiplication des attaques contre nos droits et nos moyens d’existence par une menace claire envers celles et ceux qui tenteront de s’y opposer.
Une offensive sans précédent
Le gouvernement attaque en effet tous azimuts, au-delà des ordonnances sur le Code du travail : baisse des APL, hausse de la CSG, gel des salaires et baisse des effectifs des fonctionnaires, rétablissement du jour de carence, suppression des 150000 emplois aidés, privatisations multiples, mise à mal du service public des transports, étatisation de l’assurance-chômage, report de l’âge de départ en retraite et… suppression aux trois quarts de l’impôt sur la fortune. Des attaques qui, soulignons-le, frapperont en premier lieu les femmes. D’ores et déjà le patronat se croit tout permis et multiplie les attaques contre les militantEs et toutEs celles et ceux qui résistent. Avec comme à GM&S, le soutien actif des flics de l’ex- « socialiste » Collomb.
Les exigences du patronat sont sans limites sur la voie du retour au début du 20e siècle. Un terrain malheureusement labouré par plusieurs gouvernement dits de « gauche ». Et qui, en prime, ont offert à la bourgeoisie et ses représentants les plus zélés un arsenal répressif lui aussi sans précédent, qui sert aujourd’hui à réprimer les militantEs, les habitantEs des quartiers populaires, et à chasser les immigréEs.
Ce n’est qu’un début…
Même si l’air est connu, les paroles sont toujours à réécrire. Aucun travailleur, aucune travailleuse ne pense que cette mise en coupe réglée du droit du travail permettra la baisse significative du chômage que l’on nous promet depuis des décennies. Rien que du perdant (pour les salariéEs)-donnant (au patronat). Le dialogue social, même cautionné par une large majorité des directions syndicales, se révèle n’être que ce qu’il est : un enfumage grossier.
La largeur du front des attaques fournit le socle d’un vaste rassemblement contre l’ensemble de ces reculs sociaux. Cependant, presque un an jour pour jour après la dernière manifestation contre la loi travail Hollande-El Khomri, le front de la mobilisation ne fait que commencer à se construire. Le succès de cette première journée de manifestations ne doit être que le début de la nécessaire amplification de la mobilisation. Celle-ci passe par la construction de la grève dans les entreprises, vers le blocage de l’activité économique, par des mobilisations unitaires qui regroupent syndicats, partis, associations opposés à la régression sociale en marche.
Le meeting unitaire du 9 septembre initié par la Fondation Copernic (voir page 10) montre qu’il est possible de se mettre autour d’une table pour décider des modalités de construction de la mobilisation. D’ores et déjà la date fixée par la CGT du 21 septembre doit servir de relais, de point d’appui à l’enracinement du mouvement. L’engagement de nombreuses structures FO le 12 septembre, les prises de positions moins conciliatrices de la CFE-CGC, voire de Laurent Berger montrent des possibilités d’élargissement du mouvement. Et il ne tient qu’aux dirigeants de La France insoumise de faire que le 23 septembre permette l’élargissement du mouvement. Comme on le sait l’unité est un combat mais aussi un atout considérable pour mobiliser… et pour gagner.
Robert Pelletier