Dont notre camarade Philippe Poutou.
C’est avec surprise que nous avons reçu des convocations pour une audition « libre et sans garde à vue » (c’est bien précisé !) au commissariat de police de Paris 15... Le « nous », c’est plus précisément 4 militants syndicaux (3 CGT, 1 CFTC), mais logiquement, c’est l’ensemble des militants qui se sentent visés. « Surpris » parce qu’il s’agit visiblement de deux vieilles plaintes de Ford Europe suite à deux manifestations au Mondial de l’automobile à Paris en 2012 et 2014.
Les dirigeants de Ford se heurtent depuis des années à une résistance collective à leur politique de chantage, de pression et de chasse aux coûts. Et nous savions que la multinationale ne supportait pas que son stand soit régulièrement envahi et redécoré (confettis, autocollants sur les véhicules…) en 2008, 2010, 2012 et 2014... à chaque fois, nous avions organisé des actions visibles dans cette tribune habituellement commerciale, pour toucher l’image de la marque, pour défendre nos emplois.
Sans nous le dire, Ford avait porté plainte par deux fois pour dégradations de son stand, ce que nous contestons. Des plaintes restées visiblement au fond d’une pile... Mais voilà qu’aujourd’hui elles deviennent prioritaires pour le parquet ! Pas difficile de faire le lien avec le climat actuel de répression du mouvement social, avec les attaques contre les syndicalistes d’Air France ou de Goodyear.
Des convocations dans l’air du temps
Pour le patronat et le gouvernement, c’est l’heure semble-t-il de régler les comptes avec une contestation qui leur est insupportable.
Nous ignorons les intentions du parquet à notre égard. Va-t-on vers un procès ou est-ce juste une opération d’intimidation ? Le fait est que cela démarre de manière hasardeuse. à peine une semaine après avoir reçu les convocations, nous apprenons qu’elles sont repoussées à une date non déterminées suite à la demande de notre avocate d’auditionner à Bordeaux.
Quoi qu’il en soit, nous allons nous défendre, d’autant plus que l’avenir de l’usine reste menacé à moyen terme. Et ce qui va aussi être important, c’est de faire le lien avec l’ensemble des équipes militantes victimes de la répression, de voir comment nous pourrons riposter avec nos collègues de Goodyear, avec les postierEs et tant d’autres. Pour nous, la question reste de construire une mobilisation d’ensemble qui puisse changer le rapport de forces pour stopper à la fois la répression et l’offensive patronale.
Philippe Poutou