Quel est le bilan social et politique des six derniers mois ?
Au niveau social, la majorité de la classe ouvrière a de nombreuses difficultés : chômage, émigration de jeunes diplômés, revenus populaires en chute libre. Les ménages sont en surendettement.
Il y a eu des grèves comme celle contre le travail du dimanche (le mémorandum prévoit l’ouverture de 7 dimanches par an) que le gouvernement de Syriza a voulu imposer. Il y a eu d’importantes manifestations à Athènes entre mai et juin, beaucoup de jeunes étaient impliqués, cela malgré une situation difficile au niveau syndical face au pouvoir des multinationales.
Autour du référendum de juillet, il y a eu une grande bataille malgré une campagne de presse colossale. Syriza était présent dans la bataille, le KKE en dehors de tout. Antarsya s’est mis à fond dans la bataille pour le Non. C’était très important. Nous nous attendions à ce que le gouvernement ne continue pas la bataille après le référendum, et c’était d’autant plus important que s’exprime la volonté populaire.
Nous avons eu un grand combat organisé par les habitants contre l’exploitation des mines d’or en Chalcidique. Il y a encore eu récemment des affrontements populaires contre Eldorado Gold, la direction de la société minière, avec 7 militants arrêtés par la police dont plusieurs camarades.
Une grande manifestation a aussi eu lieu à Athènes le 15 juillet, pendant que l’Assemblée, la Vouli, débattait et votait sur l’adoption du troisième mémorandum. D’importants syndicats, comme l’Adedy, syndicat de la fonction publique, avait appelé à la grève générale. C’était la première fois que la police était aussi agressive depuis le gouvernement Samaras. Le cortège de l’OKDE-Spartakos a violemment été attaqué par la police anti-émeute. Deux de nos camarades de l’OKDE-Spartakos ont été matraqués, tabassés, avec 15 autres militants. Le jugement qui a suivi a été une parodie : accusés de trahison, d’atteinte à la sûreté de l’État, après avoir subi la détention préventive. Bilan : 4 condamnés, cela malgré des vidéos et de nombreux témoignages, les témoins de la défense étant rejetés, et ceux – contradictoires – de la police servant de bases aux condamnations.
Interviewé par la radio de Syriza, Kokkino, Tsipras a soutenu l’action de la police, disant que les manifestants étaient en train de créer un climat de guerre civile, qu’ils représentaient un ennemi intérieur et qu’il était juste de les juguler.
Quel bilan de la rupture au sein de Syriza, et quelles sont les propositions de l’OKDE-Spartakos ?
C’est une bonne chose que beaucoup de militants et de forces rompent, mais ils ne tirent pas le bilan de ce qui était mauvais dans Syriza. Ils condamnent l’évolution du parti vers une direction néolibérale et soutiennent le retour au programme de 2011. Aussi, nous soutenons ces camarades dans leur mouvement de rupture, et Antarsya s’est prononcé publiquement pour une campagne commune, une campagne de front unique contre le troisième mémorandum, proposant un programme sur des mesures transitoires, pas un simple axe anti-mémorandum. Il y a peu de temps.
Nous voudrions que le débat ait lieu dans un cadre de front unique, dans l’action, pas par une simple déclaration électorale d’anciens dirigeants de Syriza. Les discussions ont lieu à ce sujet dans Antarsya : devons-nous accepter de former un front électoral maintenant ou après les élections, former un front pour l’action ? Nous, OKDE-Spartakos, pensons nécessaire de maintenir un front anticapitaliste, et donc ne pas se dissoudre dans un accord institutionnel rédigé par les parlementaires. Nous devons discuter d’autres choses que du cadre parlementaire.
En particulier, Lafazanis est pour un programme de redressement économique dans le cadre capitaliste, une revendication nationaliste qui s’adresse à la bourgeoise nationale mais pas aux travailleurs. Il est difficile d’envisager un accord de toute la gauche à l’extérieur de Syriza sur un simple programme anti-austérité.
Antarsya est un effort important de construction d’un front anticapitaliste, révolutionnaire. C’est la meilleure réussite sur ce terrain ces 40 dernières années, et il est difficile d’abandonner cette expérience sur une simple tactique électorale. Il faut notamment se confronter clairement avec Tsipras sur la question de l’eurozone et de l’Union européenne. Il ne peut y avoir de position claire vis-à-vis des travailleurs sans rompre avec les positions de Syriza sur cette question.
Propos recueillis par Léon Crémieux