Lire une réaction d’Athènes d’Andréas Sartzekis, Membre de l’Organisation des communistes internationalistes de Grèce (OKDE-Spartakos, section grecque de la IVe Internationale).
Ouf, ça y est : le troisième tour de l’élection du président de la République par le parlement grec n’a pas permis d’atteindre les 180 voix que le pouvoir devait et espérait obtenir, à force de manoeuvres et de menaces.
Au contraire : on peut même penser que le pitoyable exercice d’entretien unilatéral que le 1er ministre Samaras s’est offert samedi en utilisant deux pantins (c’est l’avis de l’union des journalistes d’Athènes ESIEA !) de sa chaine gouvernementale créée après la fermeture dictatoriale de la radio-télé publique ERT s’est retourné contre lui : alors qu’on pouvait craindre un nombre de députés proche des 180, le vote de ce lundi 29 décembre ne lui a même pas offert une voix supplémentaire : 168 comme au 2ème tour, score qui risque de poser des problèmes à Samaras pour continuer à être le dirigeant de la droite, les contestations internes se faisant entendre de plus en plus fort.
C’est donc une excellente nouvelle : ce blocage institutionnel que constitue l’impossibilité d’élire un président débouche donc sur la dissolution du parlement et des élections législatives fixées au 25 janvier. Inutile d’insister sur le caractère exceptionnel de ces élections : la bourgeoisie européenne n’a pas cessé depuis 3 semaines de mettre en garde contre cette possibilité d’élections, qui pourraient voir venir au gouvernement le parti réformiste-radical Syriza, et qui pourraient surtout ouvrir une vague de mobilisations qui ne devraient pas se cantonner aux frontières grecques !
La campagne électorale se profilait déjà très fort, elle a commencé dès le résultat du vote ce matin : Samaras décomposé s’est une nouvelle fois lâché contre Syriza, en l’accusant d’être allié avec les nazis pour pousser dans le gouffre un pays qu’il affirme avoir sauvé … Tonalité qui sera sûrement celle de la campagne, et qui implique d’ores et déjà que la gauche radicale et révolutionnaire rappelle deux choses en permanence :
* on ne le dira jamais assez, la Grèce a été gouvernée depuis 4 ans par des politiciens du PASOK ou de la Nouvelle Démocratie qui ont remis en selle l’extrême droite en l’appelant au gouvernement (le PASOK avec le groupe LAOS) et en discutant amicalement (sinon plus car affinités …) avec elle (Baltakos, conseiller de Samaras, donnant régulièrement des ordres de vote à Kasidiaris, petite frappe numéro 2 de Chryssi Avgi), et la défaite de la ’’troïka intérieure’’ sera aussi une défaite de l’extrême droite
* Le gouffre, on est en plein dedans depuis 4 ans, et les mesures actuellement gelées (baisse des pensions, pas supplémentaire dans la casse des droits élémentaires) sont d’ailleurs dans les cartons de l’actuel gouvernement, évidemment dans le cadre de sa soumission aux ordres de la troïka et des gouvernements Merkel et Hollande. Et ceux qui ont été poussés dans le gouffre ce week end, ce sont les syndicalistes du secteur livres et papier, frappés par les MAT (CRS grecs) alors qu’ils protestaient contre l’imposition d’un 3ème dimanche travaillé de suite devant une librairie, Ianos, qui veut offrir une façade culturelle du genre FNAC des années 70 mais fait intervenir les flics avec injures sexistes contre les travailleuses et violences en tout genre. Ou alors, le même jour, toujours les MAT lâchés dans le nord de la Grèce sur la manif de plus de 500 habitant-e-s protestant contre les autorisations d’empoisonner la région de Skouriès données à une grosse société de mines d’or. Dans les deux cas, les violences policières ont fait des blessés.
Ces deux exemples suffiraient à montrer quelques-uns des nombreux enjeux de ces élections : droits des travailleuses et travailleurs, défense d’un environnement vendu sans vergogne tous ces derniers temps, mise au pas d’une police gangrénée par l’extrême droite … C’est toute la logique destructrice du capitalisme qu’il s’agit de stopper !
Quelles revendications mettre en avant dans la campagne électorale ? Quelles alliances aussi bien du côté de Syriza (sa direction lorgne vers un groupe droitier issu de ses rangs et qui a participé à un précédent gouvernement promemorandum !) que de la gauche anticapitaliste ANTARSYA (une partie d’entre elle veut une alliance avec le groupe nationaliste et droitier d’Alavanos, ex dirigeant du Synaspismos) ?
On reviendra bien sûr très vite sur cette situation qui dès maintenant a besoin pour évoluer dans le bon sens d’un large soutien populaire en Europe !
Athènes, le 29 décembre
A. Sartzekis