une réflexion de notre camarade Jean-Claude Delavigne (Commission Santé-social du NPA)
La mise en scène a été bien réglée :
Acte 1 : A la veille de la reprise de la "concertation" sur le projet de loi de réforme des retraites , Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, lance l’idée, d’une "conférence de financement", pour assurer l’équilibre du système , au moment de la mise en place de la réforme « par point ». Le but de cette proposition est de faire disparaitre du texte "l’âge pivot » (64 ans pour avoir une retraite complète) en explorant d’autres pistes
Acte 2 : Le gouvernement affirme immédiatement son intérêt et organise une journée de "concertation" sur le sujet le 11 janvier.
Acte 3 : Le 12 janvier E. Philippe annonce, par courrier aux "partenaires sociaux" le retrait provisoire de l’âge pivot (sans d’ailleurs que la notion d’"âge d’équilibre" ait disparu !), et l’organisation de la "conférence de financement". Mais en prenant bien soin de fixer un cadre ne laissant aucune marge de manœuvre à la discussion (voir ci-dessous).
Acte 4 : la "conférence de financement", se déroulera pendant le débat parlementaire sur la loi et ses travaux devront être terminés avant l’adoption du texte définitif de la loi.
Si « l’âge pivot » de 64 ans pour une retraite complète est suspendu, les « partenaires sociaux » devront imaginer d’autres propositions pour aboutir au même résultat et deux pistes sont d’emblée écartées : la baisse des pensions et ….l’augmentation du "coût du travail", c’est à dire les cotisations sociales dites « patronales ».
C’est donc sur les salariéEs que pésera, d’une manière ou d’une autre la « mise à l’équilibre : augmentation ou le maintien de taxes payées par les salariéEs, (comme la CRDS) ou prolongation de la durée du travail. Si ce n’est pas sous la forme de "l’âge pivot", ce sera sous celle de l’allongement de la durée de cotisation, comme le préconisait Macron au mois d’aoùt.
Acte 5 : au terme de la conférence, le pouvoir reprendra de toutes façon la main et soit fera passer sous forme d’ordonnances les résultats de celle ci, (si ils le satisfont), soit constatant l’absence d’accord entre "partenaires sociaux" imposera la solution qui lui convient, l’âge pivot par exemple !. C’est la méthode déjà utilisée avec succès lors des négociations sur l’assurance chômage.
La formule « si l’on rétablissait l’esclavage, Berger négocierait le poids des chaines » a fait fortune. Avec la « conférence de financement », ce n’est pas même le « poids des chaines » sur les salariés que Berger et ses comparses « réformistes » s’apprêtent à négocier ; celui-ci a été fixé par le gouvernement , c’est tout au plus leur forme et leur couleur .
Cette pitoyable pantalonnade n’a d’autre but que de tenter d’affaiblir la grève et le soutien dont elle bénéficie au moment ou celle ci s’ancre dans la durée. Elle mérite néanmoins qu’on lui prête attention, car la méthode mise en place le gouvernement est en réalité celle qui sera instaurée de manière définitive dans la future « retraite par points » si elle est adoptée.
Celle-ci met en place un système de pilotage automatique, garantissant un équilibre financier du systéme par une « régle d’or » dont le pouvoir aura le contrôle, le rôle des « partenaires sociaux » se limitant à proposer les solutions susceptibles de garantir cet équilibre dans le cadre fixé. La conférence de financement est l’avant gout grandeur nature du « pilotage » qu’entend imposer la réforme Macron . Une raison de plus de la combattre et d’imposer son retrait
J.C. Delavigne