Nous étions 350 samedi 19 décembre à défiler contre l’extrême-droite dans les rues de Pontivy. Une réussite antifasciste d’autant plus remarquable que tout avait été fait pour perturber l’organisation de cette manifestation, interdite par la préfecture une semaine avant la date prévue pour des raisons peu convaincantes (le samedi après-midi, jour de marché de Noël). Cette interdiction, visant à ne pas perturber l’ordre municipal, nous a interpellé-e-s par le message politique qu’on pouvait y voir : alors que les fascistes d’Adsav peuvent défiler en toute impunité à Pontivy et appeler à tuer les migrants, les antifascistes se voient censuré-e-s !. Notre réponse devait pourtant être à la hauteur de la gravité des évènements de Pontivy du 14 novembre dernier. Malgré l’interdiction de manifester, nous avons pris la rue et scandé nos slogans contre l’extrême-droite et pour une Bretagne ouverte, internationaliste et solidaire ! Le NPA Bretagne était présent, avec une quinzaine de camarades venus de Rennes, Saint-Brieuc, Quimper, Quimperlé, Brest...
L’ambiance était déterminée et festive, avec une batukada, de la convivialité, et malgré une présence provocante de gendarme mobile nous interdisant l’accès au centre ville, nous nous sommes quand même imposé-e-s dans la rue. Au milieu de la manifestation, des camarades du collectif antifasciste rennais ont pris la parole pour dénoncer les agissements d’Adsav et de toute l’extrême droite bretonne. ils ont également appelé à la révolte contre toutes les idées racistes et réactionnaires et contre tous ceux qui les font monter. La forte présence militante, le déroulé de la manifestation et le rappel même de notre droit à manifester, état d’urgence ou pas ont permis d’apporter aux exactions des fascistes une réponse massive, soudée et sans compromis. Antifasciste, tant qu’il le faudra !
Ci-dessous l’appel à manifester et la réponse du Collectif Pontivy contre le racisme et la xénophobie à l’injonction de la préfecture de reporter la manifestation du 19 décembre.
Contre les idées de l’extrême-droite, à Pontivy le samedi 19 décembre à 14h !
Le 14 novembre dernier, au lendemain des attentats meurtriers de Paris, l’extrême droite la plus radicale a manifesté à Pontivy contre l’accueil des réfugié.e.s.
Les slogans haineux ont vite dérivé de « Dehors les immigré.e.s » à « À mort les immigré.e.s ». Des personnes ont été passées à tabac, menacées et poursuivies jusque dans les commerces, pour avoir réagi par des slogans de solidarité ou simplement à cause de leur couleur de peau… Le cortège s’est déplacé jusqu’au Centre d’accueil des demandeurs d’asile. Que serait-il arrivé si celui-ci n’avait pas été vide ?
Le principal instigateur de ces exactions est le parti « Adsav », qui s’affirme nationaliste breton. Mais cet aspect « breton » n’est qu’une coloration de leur idéologie, dont le fondement est avant tout xénophobe.
Cette peur de l’étranger s’insinue bien au-delà de petits groupes radicaux, avec le développement du FN et une grande part du spectre politique qui en reprend les idées. Et les violences qui en découlent sont bien réelles, comme le montre par exemple l’incendie volontaire d’une salle de prière musulmane à Loudéac dans la nuit du 28 au 29 novembre.
Le samedi suivant les violences à Pontivy, 120 personnes se sont réunies au Palais des Congrès pour réfléchir à une réponse à de tels actes, afin qu’ils ne se reproduisent plus. Un soutien aux victimes s’est organisé et des questions ont été posées concernant l’attitude des autorités. Il a de plus été décidé qu’un événement festif et pacifique était la réponse la plus adaptée face au déferlement de la haine, pour rappeler que :
– Les extrémistes religieux qui ont perpétré les attentats de Paris auront gagné s’ils sont la cause d’un repli sur soi identitaire. Ils perdront si nous montrons notre solidarité avec tous/toutes celles et ceux qui souffrent de cette violence aveugle, d’où qu’ils/elles viennent.
– Si la peur nous plonge dans une spirale sécuritaire, il n’y aura plus de libertés à défendre contre les fascismes religieux ou identitaires.
– La culture bretonne n’a rien à voir avec les fascistes. Les breton.ne.s ont été pour beaucoup des réfugié.e.s économiques en France, en Amérique ou ailleurs. Les artistes qui font vivre la culture bretonne l’enrichissent en la métissant.
Manifestation pour une Bretagne ouverte et solidaire
Pontivy – 19 décembre 14h – Square Lenglier (derrière la mairie).
Signataires : UD-CGT-56, FSU Bretagne, CNT interpro-Brest, Solidaires 56, SLB 35, Alternative Libertaire 35 et 56, Collectif Antifasciste Rennais, Choisir nos régions, Ensemble 56, PCF56, NPA35, PG56, République et Socialisme 56, gauche indépendantiste (Bretagne en lutte), UDB, ATTAC56, Muzillac, DAL56, DAL35, AI’TA, ATTAC 22, Gast, Citoyens contre le FN, La Ligue des Droits de l’Homme, Jerald Ar Gov.
Collectif de Pontivy contre le racisme et la xénophobie.
Le collectif a bien été informé des points de vue de l’UCIAP, de la mairie et de la préfecture du Morbihan. Nous tenons à exprimer notre vive indignation sur ces prises de positions en faveur du report de la manifestation festive et pacifique contre les idées d’extrême droite le 19 décembre .
En effet, les arguments qu’on nous présente sont nuls et non-avenus :
Nous disons depuis le départ que nous ne comptons pas défiler dans le marché de noël, à partir de là nous avons fourni à l’UCIAP des garanties suffisantes qui montrent notre bonne volonté à l’égard de cette association et de l’événement qu’ils organisent ce même jour. Nous comprenons leurs inquiétudes et l’importance pour les commerçants que ce marché se fasse dans de bonnes conditions et en même temps, « l’esprit de Noël » ce n’est sûrement pas sacrifier la liberté de manifestation à l’occupation marchande de l’espace public. La démocratie c’est aussi trouver des compromis et donc faire des concessions. Nous avons fait les nôtres.
La menace à la sécurité publique qui se matérialise par un simple appel d’individus d’extrême-droite sur les réseaux sociaux est très loin d’être une raison suffisante pour interdire une manifestation soutenue par plus de 30 organisations politiques, syndicales et associatives. Les autorités, dans de pareil cas, ont pour rôle de protéger l’expression publique démocratique surtout quand elle prend ouvertement une forme pacifique et festive et se fait sur la base d’un appel à défendre des principes fondamentaux d’égalité, de liberté, de solidarité, de dignité humaine. La préfecture déclare ne pas disposer des moyens suffisant pour assurer la sécurité de l’espace public ce samedi, cette argument ne tient pas. Pour rappel, le 14 Novembre quand environ 30 personnes des forces de l’ordre étaient mobiliser pour gérer 200 Nazis violent et en grande partie enivrés, au même moment 200 gendarmes étaient stationnés à Landivisiau avec l’appui d’un hélicoptère pour encadrer une manifestation écologique familiale. Deux poids, deux mesures.
Ceux et celles qui se donnent bonne conscience en prétextant qu’ils ne sont pas contre l’objet de la manifestation mais que ce n’est pas à la bonne date devraient prendre acte du fait que leurs arguments ne tiennent pas. À partir de là, le collectif affirme, qu’au point où on est aujourd’hui, une demande de report équivaut à une demande d’annulation. On nous demande d’être « raisonnables », d’attendre janvier, pour que l’énergie retombe, pour que chacun-e retourne chez soit, pour OUBLIER et ne pas se montrer.
Il est incroyable et scandaleux de voir à quel point les autorités mettent toute leur énergie pour faire capoter cette manifestation et à quel point le 14 Novembre ils ont laissé faire. Considérant tout cela, nous affirmons haut et fort, que cette prise de position n’est pas technique (le marché de noël) ou sécuritaire (menace d’extrême-droite) mais bien politique.
Nous ne reporterons pas et confirmons donc notre appel à manifester le 19 décembre à 14h au square Lenglier.
Si la préfecture répond à cette demande de manifestation par une interdiction, le scandale sera arrivé à son comble. Nous considérons d’ores et déjà que cette interdiction se ferait dans le cadre liberticide de l’état d’urgence, et nous le dénoncerions en tant que tel : C’est à dire une mesure anti-démocratique.
Nous espérons que les élues et les autorités de l’état sauront revenir à la raison, et enfin être à la hauteur de leur responsabilité : Autoriser cette manifestation et cesser de traiter en provocatrices les personnes mobilisées par les idées de solidarité et de partage.
Le collectif de Pontivy contre le racisme et la xénophobie.