La destruction du port et d’une partie de la ville de Beyrouth à la suite de l’explosion d’un stock de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, entreposé dans des installations voisines des lieux d’habitation, pose naturellement la question de la sécurité des zones portuaires, situées dans un environnement urbain…
Et légitimement, la population malouine s’inquiète suite à cette catastrophe, d’autant que l’on sait que plusieurs dizaines de milliers de tonnes de cette substance transitent par le port de Saint-Malo chaque année.
Si nous ne connaissons pas avec précision les conditions dans lesquels ces produits sont déchargés, éventuellement stockés, même temporairement, et comment ils peuvent être impactés par d’autres activités réalisées sur le port, nous savons qu’un importateur tel par exemple Litfert, filiale du groupe lituanien Achema, est particulièrement concerné par ces opérations et nous ne pouvons qu’être surpris du relatif silence des autorités (en particulier mairie et gestionnaire du port…) sur cette question. On retrouve là une attitude similaire des pouvoirs publics à celle utilisée à propos des rejets dans l’air des émanations des usines TIMAC Agro. Celle de l’omerta, celle de la rétention d’informations.
Face aux risques d’accident, notre seule garantie serait pourtant l’information de toute la population et le contrôle du respect des règles de sécurité, exercé par les salariés du port, ceux de la Timac et par la population riveraine. La qualification de ces travailleurs, la robustesse de leur statut font partie des protections de la population car elles peuvent leur permettre d’intervenir sans risquer des sanctions et la perte de leur emploi. Or justement, les principaux opérateurs du port qui constituaient l’actionnariat de Saint-Malo Manutention viennent de les licencier et ont l’objectif de fragiliser le statut de ceux qui pourraient être réembauchés.
Comme quoi, ici aussi, la lutte pour les garanties collectives des salariés rejoint l’exigence de sécurité pour la population.
28 juillet 1947 : explosion d’un cargo à Brest chargé de NdA. 33 morts. 1000 blessés.
29 octobre 1987, à Nantes, 850 tonnes de NdA. Nuage toxique. 40 000 personnes évacuées.
21 septembre 2001, à Toulouse, AZF : 300 à 400 tonnes de NdA. 31 morts. 2500 blessés.
5 janvier 2017. Incendie et fuite d’acide sulfurique dans l’usine Timac de Sète qui utilise du NdA. Nuage toxique. Depuis sa reprise par le groupe Roullier, l’usine n’est plus classée Sévéso car son patron s’est engagé à utiliser des procédés plus fiables…
Dans d’autres pays, avant la catastrophe de Beyrouth de nombreux autres accidents ont été liés à l’utilisation de NdA dont l’un des plus graves est celui d’Oppau en 1921 en Allemagne qui fit 561 morts et 2000 blessés.