De mai 68, la TV nous montre généralement quelques images de barricades au quartier latin. Pourtant, mai 68, ce n’est pas seulement une révolte d’étudiants parisiens, c’est la plus grande grève qui ait jamais eu lieu en France et qui a touché toutes les régions, y compris la Bretagne où une trentaine d’usines ont été occupées par les ouvriers et où se sont déroulées de nombreuses et imposantes manifestations (3000 personnes le 25 mai à Saint-Malo). C’est aussi un mouvement international : la jeunesse s’est soulevée dans le monde entier contre la guerre du Vietnam, quand la plus grande puissance du monde, les Etats-Unis, écrasait sous les bombes un peuple courageux. Mais des mouvements de révolte ont aussi eu lieu au Sénégal, au Japon, au Mexique...et dans les pays du bloc de l’est, telle la Tchécoslovaquie, contre les dictatures qui se prétendaient « communistes » .

En France, la jeunesse s’est révoltée à la fois contre la guerre, contre les injustices et contre tous les interdits stupides qui pesaient sur la société. Les travailleurs se sont mis en grève, non seulement pour améliorer leur sort, mais dans l’espoir d’établir une société égalitaire, fraternelle. Leur mouvement a convergé avec celui des jeunes. L’internationale, le chant des travailleurs révolutionnaires, a retenti dans les rues de très nombreuses villes et villages.

Si le mouvement de mai 68 a apporté quelques améliorations des droits des travailleurs (hausse moyenne des salaires de 10% et de 35% pour le SMIC, retour à la semaine de 40 heures, droit syndical dans l’entreprise…) et des avancées plus sensibles sur les droits des femmes, des homosexuels, des libertés sexuelles, de la liberté d’expression, il n’est pas parvenu à changer la société. Celle-ci reste plus injuste que jamais. En France, les 1 % les plus riches ont accaparé 80 % des richesses produites en 2018. Et il en est de même à l’échelle mondiale, alors que des centaines de millions de personnes sont privées du minimum nécessaire pour vivre. Les guerres n’ont pas cessé et le gouvernement français se flatte de vendre des armes à des dictatures qui massacrent des peuples entiers.

Toutes les raisons qui ont poussé la jeunesse et les travailleurs à se soulever en mai 68 existent donc toujours, car le système social qui est à l’origine de ces inégalités et de ces guerres, le capitalisme, sévit toujours. Les attaques contre les acquis sociaux, les services publics, les droits des salariés, se multiplient. Les conditions de vie des travailleurs se dégradent et les jeunes ne savent pas quel avenir les attend. On assiste au retour d’idées nauséabondes comme le racisme, la xénophobie, le chauvinisme qui visent à diviser, rejeter la responsabilité de tout ce qui va mal sur « l’étranger ».

C’est pourquoi non seulement mai 68 est un sujet d’actualité 50 ans plus tard, mais il faudrait un nouveau mai 68 qui aille jusqu’au bout pour en finir avec cette société qui crée la misère, la précarité, la guerre.

Venez en discuter avec Alain Krivine, acteur direct de mai 68, et avec les militants du NPA.