Alexis Tsipras vient d’annoncer un référendum, le 5 juillet, sur le projet d’accord avec la troïka. nous publions ici quelques réactions.
Nous avons livré un combat dans des conditions d’asphyxie financière inouïes pour aboutir à un accord viable qui mènerait à terme le mandat que nous avons reçu du peuple. Or on nous a demandé d’appliquer les politiques mémorandaires comme l’avaient fait nos prédecesseurs. Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens. Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité. L’objectif aujourd’hui est de mettre fin à la crise grecque de la dette publique. Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec. J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité. La question qui sera posée au référendum ce dimanche prochain sera de savoir si nous acceptons ou rejetons la proposition des institutions européennes. Je demanderai une prolongation du programme de quelques jours afin que le peuple grec prenne sa décision.
Je vous invite à prendre cette décision souverainement et avec la fierté que nous enseigne l’histoire de la Grèce. La Grèce, qui a vu naître la démocratie, doit envoyer un message de démocratie retentissant. Je m’engage à en respecter le résultat quel qu’il soit. La Grèce est et restera une partie indissoluble de l’Europe. Mais une Europe sans démocratie est une Europe qui a perdu sa boussole. L’Europe est la maison commune de nos peuple, une maison qui n’a ni propriétaires ni locataires. La Grèce est une partie indissoluble de l’Europe, et je vous invite toutes et tous à prendre, dans un même élan national, les décisions qui concernent notre peuple.
Par Stathis Kouvelakis
Le tournant que nous espérions, dont, c’est vrai, nous avions commencé à douter qu’il fût possible, est survenu. La sinistre parodie des "négociations", la spirale des reculs et des concessions a été stoppée.
Le tournant a pris forme autour d’un mot simple, évident, qui a la clarté d’un couperet : non à l’ultimatum de la Troïka, la parole au peuple.
Il devient possible maintenant de sortir du piège mortifère que les dominants européens avaient patiemment construit pour tuer dans l’oeuf l’espoir qui était né le 25 janvier, avec la victoire de Syriza.
Ce soir, Alexis Tsipras a parlé le langage de la vérité : il a enfin expliqué que ces "négociations" n’étaient qu’une farce, un constant exercice de chantage, qui visait à humilier le peuple grec et son gouvernement et à fouler au pied le mandat populaire issu des élections du 25 janvier.
Ce n’est pas le moment de régler des comptes. Mais il est impossible de ne pas relever que la décision de ce soir donne raison à tous ceux qui depuis des mois ont dit qu’il n’y avait aucun espace pour un soi-disant "compromis" mais seulement le choix entre la capitulation ou la rupture.
Devant nous se trouve à présent la bataille du référendum. Il faut en faire une bataille de masse, une mobilisation profondément unitaire, qui redonnera confiance aux forces populaires et impulsera une nouvelle vague de radicalisation dans la société grecque.
Cette bataille peut permettre de créer "à chaud" les conditions pour redresser la barre après ces cinq mois d’enlisement et redéfinir les rapports entre le gouvernement, Syriza et le mouvement social.
Enfin, il est évident que cette bataille ne se déroulera pas seulement en Grèce. La réaction de la Troïka et des gouvernants européens sera redoutable. Le peuple grec saura se rassembler et se battre. Mais il a un besoin vital de soutien international. C’est sa seule arme face à la force et à la violence des dominants, qui, nous le savons, sont capables de tout.
Vive la lutte du peuple grec !
Vive la solidarité internationale !
Nous vaincrons !
Le premier ministre grec Tsipras a annoncé qu’il allait soumettre “l’accord de renflouement” à un référendum le 5 juillet. Les ministres se sont joints au camp du “non”, certains plus fortement que d’autres. Tsipras a annoncé clairement qu’il s’oppose à la proposition des institutions mais qu’il l’adopterait si les Grecs votaient en sa faveur.
“La proposition de certains partenaires et certaines institutions n’est pas un accord de toutes les parties, mais plus probablement l’humiliation de tout un peuple” a dit Tsipras.
Quelques idées de départ
Le ministre de la réforme de l’administration a indiqué clairement ce que le référendum signifie pour Tsipras : une voie pour avoir un mandat pour un meilleur accord avec la troïka, probablement sur la base des termes qu’il a proposé lundi avec quelques modifications, mais avec la réduction et la une restructuration d’une partie substantielle de la dette.
Mais son appel à un référedum met en mouvement des forces qui sont incontrôlables. Depuis quelques jours, la polarisation s’est développée au sein de la société greque et l’impression d’être humilié par la troïka va maintenant déborder les cadres institutionnels, il y aura un immense enthousiasme pour OXI (“le jour du ”), un “non” qui fera résonner les meilleures traditions de la résistance du mouvement ouvrier grec. Le “non” au référendum peut recevoir 60, 70 ou 80%, malgré la campagne massive d’une partie des médias capitalistes pour effrayer la population et le chantage de la troïka.
La troïka peut aussi exercer des menaces sur la Bourse, à travers le mécanisme ELA pour conserver des liquidités des banques ; la banque centrale européenne tiendra une réunion d’urgence samedi matin pour se décider. Il y a aussi la possibilité du remboursement de la dette au FMI qui arrive à échéance à la fin du mois. Tout cela sera utilisé pour exercer un chantage sur les grecs. Toutefois, l’ensemble des provocations auront pour effet de polariser encore plus la situation.
Nous sommes entrés dans une nouvelle étape de la crise grecque
C’est maintenant le moment d’agir de façon résolue — le référendum ne peut pas être gagné seulement dans les urnes, mais plutôt dans la rue. Il devrait y avoir des manifestations de masse samedi ou dimanche. Le gouvernement devrait immédiatement nationaliser l’ensemble du secteur bancaire pour emêcher la fuite bancaire. Le gouvernement devrait saisir les principaux intérêts privés et les actifs capitalistes pour éviter la fuite des capitaux. Les travailleurs devraient occuper leurs entreprises et lieux de travail et établir un contrôle et une vigilance. Il faudrait ouvrir les livres de comptes. Sur le plan international, nous devrions tous réfléchir à comme nous pouvons, dans le cours des prochaines heures et prochains jours, mobiliser largement les populations contre la troïka et pour la défense du monde du travail de Grèce. C’est aussi notre lutte. L’enjeu n’est pas seulement le sort des grecs mais de tous les travailleurs d’Europe. Ce n’est pas une lutte nationale mais une lutte de classe.