Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) L’anticapitaliste - Ille et Vilaine (35)
  • CONFINEMENT : PAROLES DE TRAVAILLEURS/EUSES - 4-

    Suite d’une série d’articles sur la situation locale / 4

    Aujourd’hui, le témoignage de Ludivine, coordinatrice de l’association UTOPIA 56 à Rennes. Elle est bénévole, mais on peut dire qu’elle nous donne une « parole de travailleuse » en période de confinement, car l’action de l’association est un vrai travail socialement utile, même si pour le faire elle ne perçoit aucun salaire.

    Photo :« Maraudes Utopia 56 Rennes, credit photo Livia Saavedra »

    Ludivine, UTOPIA56, en quelques mots…
    Je suis la coordinatrice de l’association, je suis bénévole mais je suis une professionnelle du secteur social, titulaire d’un master « Intervention sociale » de l’université de Rennes. UTOPIA56 est une asso un peu atypique, avec beaucoup de bénévoles très jeunes, parfois très éloignés des circuits militants plus classiques. Nous faisons partie de l’interorganisations de soutien aux exilés de Rennes.

    UTOPIA56 Rennes sur le terrain…
    Depuis le début de la crise Coronavirus, UTOPIA56 Rennes a recentré son activité : comme les associations qui interviennent en aide aux exilées – notre intervention habituelle - ont toutes continué leur action et que celles qui assuraient les maraudes en ville les ont interrompues, nous nous sommes recentré.es là-dessus. Nous avons deux maraudes, une au centre ville, l’autre dans les quartiers périphériques. Nous passons trois soirs par semaine, de 19h à 1h du matin, pour apporter aux sans abris une aide alimentaire, mais aussi des vêtements, des produits sanitaires, des tentes, bref tout ce dont ils ont besoin. Nous avons également des croquettes pour les chiens !
    Nous tournons avec des équipes de 3 à 5 bénévoles, avec un camion (prêté par une association), tout le matériel de protection : gel, gants, masques, entièrement fourni par des réseaux associatifs, comme les couturières solidaires.
    Sur les gros points de regroupement nous sortons une table pour la distribution, nous servons thé , café, soupe, et nous restons discuter un bon moment, tant l’aide matérielle ne suffit pas et que le besoin de parler est important ! Il nous est même arrivé, deux fois, de fêter un anniversaire, avec cadeau, gâteau, en chanson !
    Un point important : le financement de nos maraudes repose uniquement sur notre cagnotte https://www.helloasso.com/associations/utopia56/collectes/soutien-aux-maraudes-d-utopia-56-rennes-covid-19 et l’aide d’autres associations, comme la fondation Abbé Pierre.

    Les personnes concernées…
    A chaque maraude nous voyons une centaine de personnes, dont pas plus de 20 % ont un hébergement. Chaque jour, ils appellent le 115, mais pas de place. Beaucoup sortent de prison, sans rien, parfois juste leur chemise, ni nulle part où aller, sans informations sur les dispositifs possibles. Il arrive que les personnels de la gare nous appellent pour nous signaler des gens pour lesquelles nous sommes l’ultime rempart. Celleux qui ont des chiens ne peuvent accéder aux dispositifs d’accueil. Nous rencontrons de plus en plus de femmes, souvent victimes de violences, et qui n’ont comme choix que de rester avec un.e conjoint.e violent.e ou de rester à la rue. Dans ce cas, nous appelons nous-mêmes les services concernés, et on ne nous propose aucune solution. Nous rencontrons aussi des mineurs, même des mineurs étrangers, qui devraient être pris en charge… La crise sanitaire a soi-disant provoqué l’ouverture de nouveaux accueils, mais on voit bien que dans tous les domaines c’est très insuffisant !