Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Ille et Vilaine (35)
  • EN MÉDITERRANÉE COMME À RENNES, SOLIDARITÉ AVEC LES DAMNÉ·E·S DE LA MER ET TOU·TE·S LES SANS PAPIERS

    Communiqué à l’attention de Mme la Maire de Rennes et sa majorité municipale.

    À quoi joue la mairie ? À un jeu dangereux indéniablement. À l’heure où les gouvernements européens d’extrême-droite, d’extrême-centre ou « sociaux-libéraux » dénient le simple droit de ne pas se noyer à 58 migrant·e·s de l’Aquarius, à l’heure où la marine marocaine tire sur des embarcations de fortune provoquant la mort d’une femme, à l’heure où des millions de personnes subissent dans leurs pays les politiques du FMI, de l’UE, des conseils d’administration des entreprises pillant la planète et des marchands d’armes, les responsables politiques « réalistes », de l’État mais aussi de la municipalité PS/EELV/PCF/UDB ne peuvent que bafouiller, une main sur le cœur, des phrases creuses : « oui il faut être humaniste, mais nous ne pouvons pas tout, nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde ».

    Lundi 24 septembre, alors que N. Appéré promettait qu’aucun enfant ne dormirait à la rue dans sa ville, une jeune femme et son enfant de 6 ans se sont vus refuser un toit par la mairie. Plus abject encore, l’élu de permanence ce soir là n’a pas daigné l’expliquer directement à cette femme, fatiguée et en pleurs, renvoyant aux militant·e·s du soutien aux sans papiers le soin de les héberger. Le lundi 1er octobre, on apprend que les nuitées à l’hôtel sont suspendues pour 3 familles avec enfants, la mairie proposant aux familles un rendez vous le … 9 octobre. La municipalité n’a qu’une réponse : c’est à l’État (la préfecture) de faire son travail. Mais Mme Appéré, une métropole de près de 500 000 personnes, au budget de 900 millions d’euros n’a-t-elle pas les moyens de palier les carences de l’État ? Il semblerait que le maire de Montreuil ait eu bien plus de courage que vous en ouvrant un lieu pour mettre à l’abri près de 200 travailleurs·euses immigré.e.s.

    Ces agissements, ces actes politiques sont autant de renoncements aux conséquences désastreuses pour toutes et tous. En ne répondant pas présent face aux catastrophes que les (vos ?) politiques anti-sociales et libérales provoquent, vous ne faites qu’attiser les peurs et les haines sur lesquels se construisent toutes les extrêmes-droites en France comme en Europe. Vous craignez un « appel d’air » qui n’existe pas. Votre politique « réaliste » de maîtrise des flux migratoires est un leurre politicien, une posture idéologique qui ne profitera qu’à la « bête immonde ». Aucun mur, aucun barbelé, aucune agence Frontex n’empêchera des gens de fuir les guerres, la misère, les catastrophes écologiques, que le capitalisme engendre. La fraternité la plus élémentaire ne peut résider que dans l’accueil inconditionnel de ces personnes que tout le monde laisse mourir en Méditerranée et dans les neiges des Alpes.

    En 1955, Aimé Césaire, dans son Discours sur le colonialisme écrivait : « la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral [...et au] bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. »

    Votre modernité occidentale, votre « real politic », votre universalisme, vos tris des migrant·e·s en fonction de la couleur de leurs petits bouts de papiers, de leur situation familiale, vos choix budgétaires (combien pour le Centre des Congrès ?), vos renoncements nous mènent tout droit vers cet ensauvagement de l’Europe.
    Nous, nous connaissons notre histoire du mouvement ouvrier, nos combats internationalistes et antiracistes avec tout·e·s nos camarades venus d’ici et d’ailleurs. Nous savons ce que les mots de solidarité et de commun veulent dire. C’est ici et maintenant que la tragédie s’écrit et que notre responsabilité collective doit la faire cesser par une mobilisation unitaire et populaire. Plus que jamais, nous affirmons que la seule solution est l’ouverture des frontières, la liberté de circulation et d’installation de tou·te·s.

    Maintenant, c’est le moment ! Vous devez ouvrir le centre, réclamé par le collectifs de plus de 40 associations rennaises, ouvert 24h sur 24, 7 jours sur 7, ouverts à tou·te·s, sans conditions. Vous pouvez, vous devez utiliser pour cela la loi de réquisition !
    Rennes le 3 octobre 2018