[Les violences policières de ces derniers jours, que ce soit à Paris, Nantes ou bien sur Rennes nous ont poussées à commettre ce petit texte sur le rôle de la police dans notre société et nos propositions/réponses pour y faire face]
par NPA Rennes
Voilà Castaner en boucle qui dénonce les violences policières ! Castaner nous raconte l’histoire d’un très méchant policier faisant un croc-en-jambe à une manifestante, montrant par là de forts mauvaises dispositions d’esprit ! Il sera puni. En y réfléchissant bien, d’ailleurs, le premier flic de France poursuit, un peu indécent peut-être, avec la mort d’un livreur à la suite d’un plaquage ventral exercé à son encore par la police : cela va faire l’objet d’une enquête. La « morale » de la fable, c’est que les méchants policiers doivent être sanctionnés, et que leur maître à tous sera intraitable, car on ne saurait tolérer de « croc-en-jambe » à l’éthique…
Alors, il est permis de penser que, loin de révéler une prise de conscience du ministre, il s’agit purement et simplement d’un écran de fumée (encore un !) visant à faire détourner le regard des violences policières que nous subissons depuis des années. Il s’agit de faire croire qu’il s’agit « d’excès », qui le cas échéant seront punis, et que pour le reste la Police nous protège !
Il s’agirait, pour la police (républicaine, cela va de soi), de faire face à la violence – successivement des jeunes de banlieue, des zadistes, des black-blocs, des migrants, des gilets jaunes, des grévistes – de juguler une « violence qui monte dans la société », et nos pauvres policiers auraient bien du mal à tenir le coup dans le respect de l’éthique. Certains pourraient craquer, d’autres avoir un mauvais fond… individuellement. Et cette violence aurait débuté avec la « crise des gilets jaunes ».
Une politique répressive...
En fait, cette brusque affirmation par le ministre de l’intérieur de son souci éthique, n’a pas d’autre fonction que de nous faire savoir que tout le reste - les tirs de LBD, à bout portant parfois, les grenades de désencerclement, les arrestations préventives, les charges sans sommation contre nos cortèges, les interdictions permanentes de manifester au centre ville, comme ici à Rennes avec la complicité active de la maire de Rennes - mérite son respect, celui de l’état, celui de la société.
Soumission dans les banlieues, qui ont inauguré ces pratiques policières : Castaner découvre les méfaits du plaquage ventral alors que cette « technique » est la cause du déces de Adama Traoré, Mohamed Boukrourou, Mohamed Saoud, Lamine Dieng. A Rennes, Babacar Gueye, lui, a été abattu par la police de 5 balles dans le corps. Ce sont les banlieues qui, les première ont été surveillées par hélicoptère, ont été investies, toutes sirènes hurlantes, par des hordes de policiers en tenue de combat.
Soumission devant les grands projets inutiles et dangereux : les moyens déployés à Sivens, ou des écologistes refusaient la construction d’un barrage, causant la mort de Rémy Fraisse. La ZAD de Notre-Dame-des-Landes, investie militairement à deux reprises… ainsi que la répression systématique des manifestations d’opposants à Rennes et à Nantes.
Soumission aux frontières, où les migrants sont brutalisés par la PAF, pourchassés à Calais, remis dans les trains illégalement à Vintimille, enfermés dans des centre de rétention, mis de force dans des charters pour la Géorgie à Saint-Jacques-de-la-Lande.
Soumission face à la loi travail, en 2016, où a commencé vraiment la litanie des mutilés du LBD, comme Jean-François perdant un œil lors d’une manifestation à Rennes. C’est là que l’interdiction de manifester au centre ville a été érigée en dogme, que l’attaque des manifestations par la Police sans sommations a pris son essor, que les nasses ont été généralisées, que les arrestations préventives ont été inaugurées ainsi que l’encadrement des manifestations par des « Robocop » sur les trottoirs.
Soumission face aux lois cassant le code du travail, liquidant le statut des cheminots. Soumission face au projet de « réforme » des retraites visant à paupériser de façon massive les travailleurs, quel que soit leur statut.
Plus qu’une nouvelle « doctrine du maintien de l’ordre », il s’agit de mettre la société toute entière sous la pression policière permanente ! A chaque date de manif, on en a la démonstration éclatante , il s’agit de nous intimider ! C’est la parade matinale des pelotons de flics énervés sillonnant la ville toutes sirènes hurlantes, avant même le début des manifs, comme le jeudi 16 où les flics ont investi le métro Charles de Gaulle en rangs serrés. C’est aussi le déploiement de force insensé avenue Janvier empêchant la manifestation d’emprunter son parcours déposé – canon à eau avec une horde de flics pour l’encadrer ! C’est encore l’intervention délirante de la Police à la lisière du campus de Rennes 2 ou dans le métro de Villejean Université.
On est loin du croc-en-jambe à l’éthique de quelque policier individuellement blâmable. Cela évoquerait plutôt un plaquage ventral contre la liberté de manifester, avec fracture du larynx de la liberté de s’opposer aux desseins de l’état tout puissant.
Dans les manifestations, il se dit beaucoup que « tout le monde déteste la Police ». Il nous faudrait plutôt généraliser le mot d’ordre « Police Nationale, milice du Capital ». En effet, la violence ordinaire de ces forces extra-ordinaires – il faut les voir, exhibant leurs déguisement de Robocop ! - n’a d’autre objectif de faire régner l’ordre, afin de permettre l’accumulation sans limite du profit. Cela engendre une forme de racisme d’état, contre les banlieues qu’il faut pacifier, contre les migrants qu’il faut contrôler et maintenir dans la situation la plus précaire possible. Et cela nécessite également d’organiser la répression de l’état contre les « classes dangereuses »… Cette catégorie englobe bien entendu tout ce que le pays compte comme opposants aux grands projets inutiles et dangereux, les anti-nucléaires, mais aussi les gilets jaunes, et pour finir tous les manifestants qui refusent les diktats des gouvernements au service du capital.
En effet, c’est ça la question : l’imposition de politiques libérales sans assentiment impose la répression ! Comme une forme de néo Thatchérisme, la politique que nous servent les Sarkozy, Hollande et Macron (pour ne parler que des derniers !) ne laisse aucun espace démocratique : si l’on s’oppose, il ne reste que la matraque, le LBD et les grenades de désencerclement, fut-ce au prix – aujourd’hui assumé - de la mutilation ou de la mort des opposants.
Le meilleur moyen de l’empêcher de mutiler et de tuer est bien entendu de désarmer la police ! C’est ce que Philippe Poutou avait lancé lors des dernières présidentielles, et ce n’était pas un effet de manche. Nous devrions, dans l’unité de toutes nos organisations syndicales et politiques, avec l’appui des associations démocratiques qui souvent mènent seules ces campagnes, et avec les comités « justice et vérité » ainsi que les associations de victime, exiger l’interdiction des armes dangereuses (Taser, LBD, grenades) ainsi que des « techniques » qui tuent, comme le plaquage ventral.
Dans la foulée, nous pourrions exiger la démission du ministre qui se moque de nous en évoquant l’éthique individuelle des policiers : puisqu’il n’est pas capable de l’instaurer dans la police, qu’il aille voir ailleurs !
Le plus sûr moyen de mettre fin à cet engrenage mortifère qui nous conduit à une société policière, c’est de lutter ! Combattre les mauvaises réformes et la logique qui les porte. C’est par la force qu’ils veulent nous imposer un niveau d’exploitation plus élevé, des inégalités plus grandes, dans le cadre d’une planète dévastée. C’est par la force qu’ils veulent rendre au marché toutes les parcelles de notre vie qui leur échappent encore en partie, comme le bocage de Notre-Dame-des-Landes, comme la protection sociale contre le chômage, la maladie, comme la retraite, comme les services publics.
C’est en les combattant de toutes nos forces pour restaurer un meilleur rapport de force, pour les faire reculer sur leurs projets néfastes, pour imposer nos solutions, pour une société plus juste, débarrassée de la misère et de l’exploitation, que nous en finirons avec la violence des flics et des patrons !