L’absence de démocratie dans la CGT conduit à ce que les divergences s’expriment par des contorsions, des manœuvres, voire des coups bas. Les attaques régulières contre Lepaon en ont fournit et en fournissent encore quelques exemples.
C’est un problème sur lequel il faudra bien que les débats s’ouvrent. Sous deux aspects. D’abord, l’expression des divergences bien normales dans une organisation de plusieurs centaines de milliers d’adhérents : l’organisation d’une libre expression régulière, la possibilité de présenter des orientations différentes au moment des congrès, le respect de la démocratie dans toutes les instances élues ; et celui du fonctionnement, posant les questions de la rémunération et de la rotation des permanents, ainsi que de leur lien avec leur entreprise et leur poste de travail.
Mais la question essentielle est celle de l’orientation confédérale. La prise de distance avec le PCF s’est faite en même temps qu’une rupture avec toute référence politique, identifiée à longueur de sondages comme la cause principale de la non reconnaissance de la CGT par une large partie des salariés. Mais selon le célèbre adage « la politique a horreur du vide », c’est l’acceptation du cadre du système capitaliste qui, de fait, prévaut. Avec, en tout premier lieu, l’acceptation du dialogue social.
Au moment même où Le Canard Enchaîné « sortait » l’affaire, la commission exécutive confédérale approuvait un texte de plusieurs pages sur le dialogue social. Son introduction donne le ton, en déplorant le fait que « l’ouverture d’une réelle négociation n’est pas assurée ». Dans la logique du dialogue social, il s’agit évidemment d’une négociation à froid dans laquelle le donnant-donnant se trans- forme en perdant-perdant pour les salariés, dans un contexte où le gouvernement est complètement aux cotés du patronat.
Sur le fond, la défense des institutions représentatives du personnel (IRP) est présentée comme celle du droit à la représentation, à l’information, à la consultation des salariés et non celle d’outils de combat contre le patronat. En guise de conclusion, la formule « contester, proposer, peser sur le rapport de forces pour obtenir un niveau de compromis traduisant des avancées pour les salariés » résume la feuille de route d’un syndicalisme guère différent de celui mis en œuvre par la CFDT et d’autres syndicats que l’on peut qualifier gentiment d’accompagnement.
Regarder ci-dessous la contribution de Philippe POUTOU (I-télé)