Pendant que Macron occupe la scène médiatique avec le « grand débat », le gouvernement accélère sa réforme du système santé, avec la « loi Buzyn ». Présentée au conseil des ministre du 13 février, cette dernière doit être discutée dès la mi-mars au Parlement et adoptée définitivement avant l’été. Cette précipitation a pour but d’éviter toute discussion publique sur ses véritables enjeux.
Le texte débattu au Parlement portera sur des questions telles que la formation médicale, avec notamment le déverrouillage du nombre de médecins formés (le « numerus clausus »). Le cœur du projet est pourtant ailleurs : une nouvelle attaque majeure contre l’hôpital public et l’accès au soins. Mais les décisions sur ces questions feront l’objet d’« ordonnances » ratifiées plus tard, sans débat public, ou de décrets. Le pouvoir tente ainsi de rééditer la manœuvre qui lui a réussi avec la réforme du code du travail.
Prétendant s’attaquer aux « déserts médicaux », le projet de loi Buzyn organise au contraire la disparition du service public hospitalier. À la faveur d’une révision de la « carte sanitaire », les centres hospitaliers de proximité qui, malgré les fermetures des dernières années, disposent encore d’urgences, d’un service de chirurgie et d’une maternité vont devoir les fermer, et ne pourront plus exercer qu’une activité de médecine et de gériatrie. De plus, ils fonctionneront, pour l’essentiel, grâce à des vacations de médecins libéraux.
Les conséquences de telles mesures sont inévitables : éloignement de l’hôpital public pour les territoires loin des grandes villes, engorgement encore plus grand des urgences et des hôpitaux déjà débordés.
Ce n’est pas la coordination de professionnels libéraux au sein de « coordinations professionnelles territoriales de santé », présentée comme le remède miracle aux déserts médicaux, qui remplacera la disparition d’un service public. Comment d’ailleurs faire accomplir une « permanence de soins » supplémentaire à des professionnels libéraux alors que les cabinets médicaux ferment et que ceux qui restent sont débordés ?
C’est le basculement d’un service public, financé par la Sécurité sociale, vers un système de santé à « bas coût », assuré par des professionnels libéraux et financés par les assurances et les patientEs eux mêmes qu’entend développer la loi Buzyn : des enjeux qui sont au cœur de la mobilisation des Gilets jaunes et que toutes les forces politiques, syndicales, associatives attachées au droit à la santé et au service public, doivent ensemble populariser, pour imposer le retrait du projet de loi.
Montreuil, le 14 février 2019