Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Ille et Vilaine (35)
  • Le 5 mai, c’est la rue qu’il faut tenir, pas le balai !

    Tribune de Christine POUPIN, Olivier BESANCENOT et Philippe POUTOU, porte-parole du NPA, publiée sur le site du Monde.fr

    La crise économique, l’offensive du gouvernement et du patronat contre le monde du travail, ainsi que le séisme politique provoqué par les aveux de Jérôme Cahuzac, nécessitent une riposte sur le terrain social et politique. C’est d’autant plus urgent que la droite et l’extrême droite, elles, n’hésitent pas à battre le pavé contre l’égalité. Une course de vitesse est enclenchée. Il est grand temps qu’à la gauche du gouvernement, une opposition se fasse enfin entendre et qu’elle reprenne le chemin de la rue.

    Cahuzac n’a fait qu’appliquer à son propre patrimoine le traitement que le gouvernement PS autorise pour l’ensemble des classes dominantes : « Le serrage de ceinture pour la majorité laborieuse, et l’enrichissement pour une minorité privilégiée ». Bien plus que le patrimoine des ministres, c’est la vraie nature de la politique du gouvernement qui vient d’être dévoilé aux yeux de millions de personnes : choyer la classe dominante en espérant vainement qu’elle fasse revenir la croissance. Vraie nature qui pousse le PS, après avoir acté un premier cadeau de 20 milliards d’euros de crédit d’impôts pour les entreprises, à en voter un second : la « flexisécurité » qui donne de nouveaux pouvoirs au patronat pour disposer des salariés comme ils l’entendent, au nom bien sûr de la compétitivité.

    De l’argent il y en a ! Au nom de quoi faudrait-il se résigner au chômage de masse, à l’amputation des salaires, des retraites et des allocations, au démantèlement des acquis sociaux et des services publics ?

    Dans la foulée du 1er mai, nous proposons de manifester massivement le dimanche 5 contre le gouvernement et sa politique d’austérité, de manifester pour en finir avec le pouvoir du système bancaire et financier, pour sa socialisation sous le contrôle des travailleurs et de la population. De manifester aussi pour l’égalité des droits, droits des homos au mariage, à l’adoption, à la PMA, droit de vote pour tous les résidents et régularisation de touTEs les sans-papiers. Manifester encore pour une démocratie réelle qui rompe avec les institutions de la Ve République, qui interdise la concentration des pouvoirs et le cumul des mandat, qui impose le contrôle direct de la population sur les élus révocables, rémunérés à un niveau du salaire moyen...

    L’affaire Cahuzac, comme les précédentes – Bettencourt, Woerth, Takieddine… - ne sont que quelques casseroles. Mais c’est bien toute la cuisine qu’il faut changer. Les « coups de balai » ne suffisent pas, car le système n’est pas seulement poussiéreux, il est moisi. Il ne s’agit pas seulement de changer de gouvernement, de président ou de personnel politique, en remplaçant les uns par les autres, ou de changer le numéro de la république, il est question de changer toutes les règles du jeu, que la population souverainement élabore et légifère sa propre représentation démocratique. Puisque les politiciens et les riches s’enlisent dans les affaires, il est temps de prendre les nôtres en main.

    Les grands acquis sociaux et démocratiques ont été arrachés par de grandes luttes, comme en juin 1936 ou en Mai 68, lorsque les couches populaires ont su s’inviter avec fracas dans l’arène sociale et politique, là où les politiciens professionnels ne veulent pas qu’on aille. Partout en Europe, en Grèce, Espagne, Portugal, la rue refait de la politique, grâce aux mouvements des Indignés, aux grandes marches sociales, et à des grèves générales régulières. La France ne vivra pas dans une bulle à part bien longtemps.

    Ces mouvements ne se décrètent pas, ils se préparent dès aujourd’hui, dans la convergence des luttes actuelles. Jean-Luc Mélenchon a pris unilatéralement l’initiative d’appeler à manifester le 5 mai pour une VIe République. Nous ne partageons pas la façon de faire, ni les appels cocardiers, souverainistes, voire nationalistes car notre drapeau est à jamais celui de l’internationalisme. Mais, nous voulons contribuer au plus large rassemblement possible pour mettre en échec la politique du gouvernement, pour ne pas laisser le rue aux réacs homophobes et défendre la perspective d’une démocratie réelle, par en bas, qui mette les financiers et leurs amis politiciens hors d’état de nuire. Voilà pourquoi, le 1er le 5 mai, nous appelons tous et toutes à descendre dans la rue.