Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) L’anticapitaliste - Ille et Vilaine (35)
  • À Angers, à Nantes et partout ailleurs : bannir les pesticides ET l’agro-industrie

    COMMUNIQUE DE NOS CAMARADES DU NPA 49

    Alors que le préfet d’Angers venait de prolonger la suspension de l’utilisation du metam-sodium en agriculture après les intoxications survenues au début du mois en Maine-et-Loire, le gouvernement vient d’étendre cette suspension à tout le territoire jusqu’à janvier 2019 (arrêté du 25/10). Il désavoue ainsi la préfète de Nantes qui s’était refusée à toute suspension de l’utilisation de ce biocide tant qu’il n’y avait pas de victimes dans son département. Pour autant, l’utilisation du metam-sodium étant concentrée sur septembre et octobre, la tardive interdiction temporaire du gouvernement ne chagrinera pas trop les requins de l’agro-industrie...

    L’affaire des intoxications au metam-sodium survenue en Maine-et-Loire (voir notre article du 11 octobre) met en avant le danger des biocides de synthèse. “Hasard” de l’actualité, on vient d’apprendre que près d’un tiers des ruches avait disparu l’hiver dernier en France, pour une large part à cause des néonicotinoïdes. Le nécessaire combat contre les pesticides reste donc d’une actualité brûlante. Ainsi faut-il soutenir les initiatives comme l’appel-pétition “Nous voulons des coquelicots” et les rassemblements chaque premier vendredi du mois à 18h30 (à Angers, au Ralliement le 2 novembre). Mais, au-delà, c’est bien la question des impasses mortelles de l’agro-industrie capitaliste qui est posée.

    Ces impasses mortelles, la préfète de Loire-Atlantique, celle-la même qui a fait donner la troupe et les blindés contre la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, les avait “assumées” sans vergogne pour le metam-sodium : “En l’absence d’intoxications dans le département, il n’y a pas de raison de prendre un tel arrêté [de suspension] pour la Loire-Atlantique” (Courrier de l’Ouest du 24/10/2018). Autrement dit : “ne rien faire tant qu’il n’y a pas de victimes !”. À moins de penser que l’organisme des Bretons résiste mieux au metam-sodium que celui des Angevins, c’était énoncer un anti-principe de précaution... La préfète confirmait ainsi que ce sont bien les capitalistes qui gouvernent l’État français (en l’occurrence, les agro-industriels de Loire-Atlantique qui produisent 90% de la mâche française et dont les tentatives d’extension en Maine-et-Loire ont justement conduit aux récentes intoxications) et que cet État n’est pas au service des populations et de leur santé.

    Ces impasses mortelles, Mme Lambert, notre très angevine présidente de la FNSEA, les assume aussi dans le Courrier de l’Ouest du 25 octobre, quoique de manière moins brutale et même avec une certaine dose de sincérité qui révèle en négatif comment une grande partie du monde agricole a pu se laisser entraîner dans la spirale anti-écologique de la concurrence et du productivisme à outrance. L’enquête préfectorale a révélé à quel point les consignes sanitaires et administratives pour l’utilisation du metam-sodium étaient méconnues des agriculteurs du département, ce qui a motivé la prolongation de la suspension. Mme Lambert ne pouvait l’ignorer au moment de l’interview et a la prudence de ne pas “cautionner” les “manquements” (sic) des exploitants mis en cause dans les intoxications. Mais elle se contente de limiter le problème à celui de la mâche et à une mauvaise utilisation du metam-sodium. Relativisant les effets positifs de la rotation des cultures (plus conforme à une agriculture paysanne qu’à l’agro-industrie) elle continue à vanter les mérites de la monoculture en citant l’exemple (unique !) du maïs dont l’indice de fréquence de traitement par produits phytosanitaires serait très bas (mais pas nul !). Elle oublie au passage que la culture du maïs est gourmande en eau au point d’assécher les nappes phréatiques... Surtout, elle raisonne en permanence selon des critères marchands de rentabilité immédiate, soulignant que la mâche est en Suisse beaucoup plus chère parce que le metam-sodium y est interdit ou que le désherbage mécanique est bien plus coûteux que le traitement par produits phytosanitaires. Enfin, elle ressort l’argument éculé qu’il ne faut rien faire tant que les scientifiques ne sont pas tous d’accord sur la nocivité d’un produit comme le glyphosate ! Elle fait mine de répondre aux aspirations à une nourriture plus saine et à la sauvegarde de notre environnement en proclamant “Le monde bouge, bougeons !”, mais ce bougisme irréfléchi montre plutôt que la FNSEA est incapable de prendre la moindre mesure “positive” sans y avoir été contrainte. L’interview dévoile une agro-industrie capitaliste sur la défensive qui ne peut plus agiter que le sentencieux “on ne peut pas faire autrement, il n’y a pas d’alternative”.

    Or, on peut faire autrement. À condition de sortir l’agriculture de la logique capitaliste et de la dépendance aux grands trusts chimiques... À condition de développer une agriculture paysanne privilégiant des exploitations à taille humaine et préservant au plus près les équilibres naturels... La rotation des cultures, les circuits courts, le développement de cultures maraîchères autour des villes sont autant de pistes à creuser pour une agriculture efficace et saine permettant de nourrir l’humanité. Cela n’exclut nullement, par exemple, qu’elle s’appuie sur la recherche scientifique pour sélectionner des espèces résistantes mais toujours dans le respect de la biodiversité, seul passeport pour un avenir durable. Nos vies et la nature valent plus que leurs profits !