Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) - Ille et Vilaine (35)
  • Coup de gueule !

    Communiqué du collectif inter-organisation de soutien aux personnes exilées de Rennes

    À Rennes, le lundi 23 mars 2020

    Le Coronavirus symptôme du déficit volontaire des responsabilités et de l’incompétence des pouvoirs publics

    Collectifs et associations qui, bien avant la crise sanitaire actuelle, se battaient déjà pour le respect des droits fondamentaux (droit de circulation, de régularisation, droit au logement, au travail, à la santé, etc. pour tou.te.s) sont actuellement seuls sur le front, sans aucune aide de l’État. La municipalité de Rennes, qui faisait preuve d’un certain manque de « réactivité » au début de la crise, commence tout juste à engager des mesures et ses services sont désormais entrés dans une boucle de coordination initiée par les associations pour l’élaboration d’un plan d’aide aux personnes vulnérables.

    Collectifs et associations estiment que la débandade actuelle, avec des risques majeurs pour l’ensemble de la population, est aussi le résultat d’années de politiques d’exclusion, de casse méthodique des services publics (ex : situation des hôpitaux), de défaillances (voire d’incompétence) et de cynisme de la part d’un État qui s’est constamment entêté à refuser d’entendre toutes les mises en garde et qui n’a bien souvent trouvé, pour seule forme de réponse aux revendications légitimes, que la répression.

    Des associations bien seules !

    Aujourd’hui, que ce soit pour la mise à l’abri, pour l’information sur les consignes sanitaires, pour l’approvisionnement en produits d’hygiène et en nourriture des personnes en situation de précarité, seules les associations sont sur le terrain. Les beaux discours ne pourront pas effacer la réalité : aujourd’hui l’État et toute la chaîne des décideurs sont gravement carents : ce sont les citoyen.e.s seul.e.s qui tentent de limiter la casse.

    L’action des associations et des collectifs ne devraient venir qu’en supplément : nous dénonçons les attitudes irresponsables qui consistent à leur laisser à elles seules, et sans aucun moyen, la gestion de la crise actuelle ! Un exemple parmi d’autres : le 19 mars, une visioconférence avait lieu dans le but d’organiser l’aide alimentaire aux plus vulnérables : la préfecture ne daignait même pas y participer !

    Suite à nos appels scandalisés, la mairie a commencé à réagir. Si les élu.e.s sont quasiment injoignables, certains personnels se montrent très investis. Des solutions sont évoquées pour la distribution de nourriture, de produits d’hygiène… La municipalité s’est même souvenue de son pouvoir de réquisition et s’en est servi à la Harpe pour le relogement de familles du squat des Veyettes signe de la reconnaissance de l’urgence. Nous ne pouvons qu’encourager cette mesure mais cela n’est évidemment pas suffisant ! Elle doit être appliquée à tou.te.s celles et ceux qui dorment à la rue ou dans les squats ! Les Rennais doivent savoir que des lieux vides existent et que les solutions de relogement sont à portée de main : l’auberge de jeunesse, le Carmel qui appartient à l’Église, le collège Malifeu géré par le Conseil Départemental, les internats, les hôtels… Il ne s’agit que de volonté politique !
    Urgence !

    C’est une question de santé publique que de fournir aux personnes vulnérables (qu’elles soient françaises ou étrangères) les moyens de respecter les consignes sanitaires pour se protéger elles-mêmes et pour protéger les autres. Cela doit passer par :

    • la mise à l’abri de tou.te.s et, donc, la réquisition des lieux d’hébergement pré-cités et de tout bâtiment vacant
    • la mise en conformité urgente des lieux où cela est possible rapidement, avec notamment électricité et chauffage (exemple : squat du Bois Perrin appartenant à la mairie de Rennes)
    • l’approvisionnement alimentaire et en produits d’hygiène de tou.te.s y compris couches pour les bébés (l’Etat dispose des moyens logistiques pour le faire !)
    • des moyens et autorisations de cuisiner pour les personnes confinées dans les hôtels et/ou livraisons quotidiennes de plats préparés
    • la dotation d’aides d’urgences (matérielles et financières) aux associations afin qu’elles puissent mener à bien les tâches qu’elles sont seules à pouvoir réaliser, en complément de celles des pouvoirs publics (et non à leur place)
    • des moyens conséquents fournis aux hôpitaux
    • l’arrêt de toute expulsion du territoire français, la suppression des assignations à résidence et la fermeture des CRA
    • un accès simplifié aux « attestations de déplacement dérogatoire » pour les personnes n’ayant pas internet ou ne parlant pas le français par dépôt des documents en libre service devant les mairies avec fiches de traduction

    Une extraordinaire solidarité paralysée !

    Depuis une semaine, collectifs et associations constatent une extraordinaire solidarité dans la population. Mais, par manque de moyens (lieux de stockage, véhicules de transports, équipements sanitaires des bénévoles) il est impossible d’y répondre comme nous le souhaiterions !

    Interpellons les responsables !

    Nous demandons donc à tou.te.s d’interpeller les autorités pour qu’elles prennent enfin leurs responsabilités.

    Face à la carence de l’État et au manque de « réactivité » de la municipalité de Rennes (qui sait débloquer en urgence 800 000 euros pour les commerçants du centre-ville… mais pas pour les pauvres !), les associations et les collectifs, eux, font le maximum pour travailler, à leur petit niveau, à des réponses adaptées à l’urgence et respectueuses des consignes sanitaires. Des communiqués réguliers seront donc envoyés pour faire l’état des besoins et fournir les consignes d’organisation nécessaires.

    Nous remercions donc par avance la presse de bien vouloir relayer ces communiqués

    Le collectif inter-organisation de soutien aux personnes exilées de Rennes
    Contact : interorga35@protonmail.com