L’amphi de l’IEP était bien rempli (pas loin de 170 personnes) pour écouter Julien Salingue, invité de l’association Germinal et du NPA, et débattre de l’état d’urgence et de l’islamophobie. Un exposé de 45 minutes, utile et percutant, faisait écho aux préoccupations d’une assistance curieuse et militante. Il permettait de bien décortiquer les ressorts des mesures liberticides, leur effet « serflex » - ça serre cran par cran mais ça ne marche que dans un sens – et de les articuler avec la désignation de « l’autre », le « pas nous ». Figures du racisme de la France du vingt-et-unième siècle, le « musulman », la « musulmane », bouc émissaire d’un nouveau type dont ont besoin l’état et les classes dominantes pour établir leur pouvoir.
Durant tout l’exposé de Julien, ainsi que dans sa réponse aux questions, le mouvement social s’est invité sur les banc de l’amphi de l’IEP, pour alimenter la réflexion, mais aussi pour donner une illustration d’une brûlante actualité à toutes les attaques contre les exploitéEs, contre les oppriméEs et à l’arsenal répressif et judiciaire – toujours plus fort toujours plus dur - utilisé contre les manifestantEs.
En guise de conclusion, une invitation à multiplier ce type de débats pour comprendre le monde que nous forge une classe politique de plus en plus indifférente à la démocratie. Pour le combattre, pour résister.
Depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence le 14 novembre 2015, et sa prolongation, les perquisitions et assignations à résidence se sont multipliées à une vitesse croissante.
A Rennes, des assignations à résidence de militant-e-s ont eu lieu pour les empêcher de manifester contre la Cop 21... Cette répression a été accompagné, sans aucun relais médiatique, d’une attaque spécifique envers les musulman-e-s qui ont été les principales victimes de l’état d’urgence, dans un contexte islamophobe déjà bien marqué.
En effet, le rapport annuel du Collectif Contre l’Islamophobie en France (CCIF) en 2016 montre une augmentation des actes islamophobes de 18,5% par rapport à l’année 2014, soit 588 actes islamophobes recensés en 2015. Outre les agressions physiques, de femmes portant le voile notamment, le rapport fait état d’une recrudescence et d’une banalisation des actes islamophobes en 2015. Et l’état d’urgence a été le prétexte d’un déferlement de violences étatiques contre une population qui était déjà la cible de discours haineux dans l’espace politique, du FN au PS. Le discours sécuritaire, et le débat autour de la déchéance de nationalité ont ainsi permis la multiplication des arrestations arbitraires, des perquisitions, parfois accompagnées de violences policières, et des fermetures administratives de mosquées et de commerces dans un climat de suspicion généralisée. C’est inacceptable !
Le 23 mars 2016, à l’appel du Mouvement Germinal et du NPA Rennes, Julien Salingue, docteur en science politique, membre du Nouveau Parti Anticapitaliste reviendra sur les conséquences de l’état d’urgence (restrictions des libertés démocratiques, développement du racisme et de l’islamophobie, etc.) lors d’une conférence - débat à l’IEP de Rennes, à 18h30, Amphi Lanjuinais. Venez nombreux-ses !