Facteur à Rennes-sud, pendant le confinement : un héros ?
Surtout pas ! La poste, c’est zéro, et si nous sommes des héros, c’est bien malgré nous ! Dès l’annonce de la fermeture des écoles, vers le 15 mars, nous avons posé des questions précises à La Poste, sur nos conditions de travail : promiscuité dans les bureaux, la contagiosité des matières inertes – les bacs, les colis, qui font le tour de la France avant d’arriver dans nos casiers ! Du côté de la direction, le discours a basculé, en un week-end. Avant, on n’était rien, une survivance du passé, vouée à disparaître, et on est devenu des « opérateurs vitaux pour la nation » ! Ajoute la soudaine passion de la direction pour le service public...

Comment avez-vous réagi, sur Crimée ?
La Poste ne nous a pas répondu de façon satisfaisante : nous devions être nous aussi confinés, et puis non, aucune disposition particulière, aucun matériel, ni pour les facteurs, ni pour les guichets… Alors on a fait une AG devant le bureau, sur le trottoir, et on a fait le point : arrêts pour garde d’enfant, droit de retrait, mise à l’écart des collègues fragiles. On a montré que les travailleurs de la poste sont bien les mieux placés pour prendre soin des travailleurs de la Poste !. La direction a tenté la menace, mais on est bien soudés et organisés. Dès le 16 mars il y a eu un CHSCT, face au « danger grave et imminent ». Les deux jours qui ont suivi, même chose, droit de retrait, CHSCT… Il y en eu 10 000 en France, le plus gros arrêt de travail à la poste depuis 1974 ! Là, on leur a mis un bon coup !
Finalement, pour continuer à travailler dans des conditions sûres, nous sommes arrivés à un accord : le travail de la moitié des postiers un jour sur deux en alternance, la fin des interactions avec les usagers (plus de signature sur les plis), on nous a fourni du gel, des masques (soi-disant qu’il n’y en avait pas, du jour au lendemain, La Poste en a trouvé 24 millions !)

La Poste, en confinement, ça fonctionne ?
Le problème c’est que, soumise à de très fortes pressions, la direction nationale de la Poste a fini par imposer un plan… moins bon que celui mis en place à Rennes, et depuis on travaille en deux équipes à horaires décalés, ce qui fait que l’on risque de se croiser… La direction de La Poste est beaucoup dans le mensonge, dans la combine, on l’a vu avec la presse nationale. Pour ne pas déplaire à ces grands patrons, La Poste qui avait décidé de ne travailler que sur 3 jours… a fait assumer le complément par sa filiale Mediapost, avec des intérimaires !
Maintenant, on pense que les problèmes sont devant nous : les annonceurs reviennent – activité indispensable, tu penses – le trafic va réaugmenter, déjà le trafic colis a augmenté très fortement, nous en sommes au niveau de la période de Noël, le tout alors qu’il y a encore des collègues en arrêt, notamment pour les enfants. En tout cas, pour nous, c’est clair, on ne va pas bosser si on risque notre peau.

Et après ?
Après, il va falloir reprendre le chemin des luttes. Pour nous, pas de primes (nous ne sommes plus fonctionnaires !) alors on va demander l’augmentation des salaires. On ne se laissera pas avoir par les discours sur « il faut reconstruire, retrousser nos manches ». Mais eux, les riches, ils ne vont pas si mal : regardes les dividendes, sans aucune retenue, les cadeaux aux patrons ! Toujours les mêmes. Alors, c’est sûr, on n’acceptera pas la remise en cause des congés, ni les dérapages du temps de travail. Et dès le 1er mai, on appelle à manifester, en respectant bien sûr les gestes barrière : c’est dans la logique des choses, on est au boulot, en déconfinement, donc on récupère tous nos droits !

Toujours organisés, les postiers en lutte !
https://www.facebook.com/Postiers-Posti%C3%A8res-en-lutte-111212710359321/