La situation sanitaire, sociale, politique, démocratique que nous traversons est sans précédent et le moins que nous puissions dire est qu’elle nous plonge collectivement dans la torpeur et nous frappe d’apathie. Pourtant il va bien falloir que nous nous ressaisissions. Trop d’enjeux se bousculent et, fort de notre mise sous cloche sanitaire, le gouvernement qui dispose de la force répressive et des médias n’a de cesse de profiter du musellement de notre camp pour avancer ses pions et consolider l’ emprise de son système capitaliste, patriarcal et raciste.
Notre Président nous l’a dit c’est pas de gaîté de cœur qu’il prend des "mesures très dures pour les français" : c’est pour notre santé. Il l’avait pas vu venir, il est désolé, il n’a plus le choix...re-confinement... Sur toutes les chaînes d’infos "on" n’a de cesse de nous expliquer qu’il ne peut pas en être autrement, que c’est la volonté même des hospitaliers qui sont débordés, que la pandémie gagne dangereusement du terrain et caetera... Mais comment est-il possible de ne pas l’avoir vu venir ? Qui pouvait sérieusement croire qu’on s’en était sortis d’un coup de baguette magique ? Ces personnages qui s’excusent platement à longueur d’antenne et de bévues, est- ce qu’ils oublient qu’ils sont en charge de responsabilités ? Est ce qu’ils oublient qu’ils ne sont pas des citoyen·ne·s lambdas, noyé·e·s sous les tracas, qui pourraient espérer s’en sortir par magie ? Non ! ils sont responsables car ils sont aux manettes. Ils sont responsables puisque jamais ils ne nous associent à leurs réflexions et à leurs décisions.
Ce re-confinement est un confinement "MEDEF" qui, pour sauver l’économie, réduit la vie de milliers de travailleurs au régime "métro, boulot, dodo", sacrifie les personnes isolées à être encore plus isolées, sacrifie le personnel hospitalier à bout de souffle et totalement exposé, sacrifie les personnels de l’éducation nationale et la jeunesse, sacrifie les étudiantEs, sacrifie les ouvrierEs et les salariéEs qui n’ont d’autre choix que de continuer à trimer sans aucune garantie sanitaire fiable, sacrifie l’activité des petits commerçants au profit des grandes multinationales, sacrifie les personnes subissant des violences au sein de leurs foyers, sacrifie les personnes sans domicile, sans papiers, en situation d’errance ou d’exil, sacrifie les jeunes des quartiers populaires qui risquent de subir à nouveau le joug des violences policières.
Ce confinement, comme le premier, semble réduire à néant, de manière inéluctable, les interactions sociales qui nous permettent de nous organiser et nous placent dans l’incapacité totale de réagir, de nous approprier collectivement la lutte sanitaire et sociale en cours. Mais nous ne laisserons pas confiner nos luttes. Comme les lycéens qui se soulèvent devant l’hypocrisie gouvernementale, nous devons nous organiser.
Le contexte est suffisamment grave pour que nous utilisions notre force collective et que nous nous réapproprions l’espace public : défiance généralisée par l’instrumentalisation cynique et sans complexe des attentats terroristes à des fins ouvertement islamophobes, racistes et électoralistes, crise sociale exceptionnelle avec des milliers de personnes plongées dans la misère, des milliers d’ouvrierEs licenciéEs, des milliers d’étudiantEs encore plus précariséEs, crise sanitaire inédite tant elle met à mal tout notre système d’organisation sociale et tant elle compte des victimes de plus en plus nombreuses.
Les manifestations déclarées ne sont plus interdites depuis que le Conseil d’Etat a retoqué le gouvernement en juin dernier suite à sa saisine par la Ligue des Droits de l’Homme.
Nous prenons nos responsabilités et nous appelons les organisations politiques, syndicales, associatives, les collectifs, les individuEs à se saisir des prochaines dates revendicatives pour reprendre la rue et construire un mouvement social à la hauteur des enjeux sanitaires, sociaux, féministes, antiracistes, antifascistes et écologiques qui nous sont posés.
A Toulouse, samedi 7 novembre prochain, un collectif de syndicats, partis politiques et associations appelle à manifester pour défendre l’hôpital public et contre les restrictions des libertés. Cette initiative doit se multiplier partout et nous prenons dès à présent contact avec les organisations du mouvement ouvrier pour permettre une expression de nos colères !
Nous appelons à soutenir les 21 et 25 novembre toute initiative dans le cadre de la journée internationale contre les violences sexistes et sexuelles, le 5 décembre à soutenir le Collectif Justice et Vérité pour Babacar pour que justice soit rendue et pour que cesse l’impunité des violences policières, le 18 décembre à organiser et soutenir toute manifestation à l’occasion de la journée internationale des migrantEs et plus largement à organiser et soutenir la riposte sociale de notre camp.