La crise sanitaire actuelle, un nouveau prétexte pour remettre en cause le statut et les conditions de travail des agents et le service public.
Les luttes des infirmières de l’Education Nationale ces derniers mois ont été multiples :
continuer à faire partie de l’équipe pédagogique (ce qui revient à rester sous l’autorité du chef d’établissement et à refuser la création d’un service de santé dans lequel les infirmières seraient les porte-cartables des médecins)
rester dans les établissements scolaires dans lesquels leur mission première est l’accueil des élèves (ce qui veut dire rester à l’Education Nationale et ne pas être incluses dans des services de santé départementaux)
refus de l’ordre national infirmier (ONI) : cette instance disciplinaire a été créée en 2006, à l’initiative d’une poignée d’infirmières, en majorité libérales, malgré un refus de la quasi totalité de la profession. En effet, contrairement à d’autres professions réglementées les infirmières sont majoritairement salariées et le rôle disciplinaire de l’ordre fait déjà partie des prérogatives de leurs employeurs
Il semble que cette crise sanitaire soit l’occasion de remettre sur le devant de la scène ces trois questions.
Des académies ont profité de la crise sanitaire pour refaire pression sur des collègues pour qu’elles s’inscrivent à l’ONI (l’inscription est une obligation légale depuis 2006 mais très peu de collègues se sont soumises à cette obligation). Les infirmières n’ont pas besoin de cet ordre infirmier, et il est hors de question qu’elles payent pour avoir le droit de travailler (en plus de l’obligation de s’inscrire à l’ONI il faut bien sûr y cotiser)
Les collègues sont sollicitées de toutes parts (via les inspections académiques, les rectorats mais aussi bien entendu par les media) pour se porter volontaires pour renforcer les équipes hospitalières.
Ces sollicitations ne respectent pas la voie hiérarchique et émanent d’un « service de santé » qui n’existe pas. Est-ce pour préparer un futur service de soins et préparer la sortie des infirmières scolaires des établissements ?
Ces injonctions au civisme sont inacceptables.
Les infirmières n’ont pas à porter les défaillances du système de santé, elles n’ont à suppléer aux errances et erreurs des différents gouvernements qui ont mis à terre l’hôpital public. Elles ne sont pas dupes de cette soudaine héroïsation des soignantEs qui masque les revendications politiques : une reconnaissance de leurs compétences, des moyens pour travailler, des salaires décents.
Quel mépris pour leurs fonctions au sein de l’Education nationale. On considère donc qu’elles sont payées à ne rien faire, qu’on puisse les solliciter avec autant d’instance pour aller travailler ailleurs ! Qu’on peut bien se passer d’elles en tant que conseillères techniques auprès des chefs d’établissement (qui va les conseiller lors de l’accueil des enfants de soignantEs et autres professionnelLEs concernéEs ?), qu’on n’a pas besoin d’elles pour le suivi des élèves à la maison (et quid des élèves qui vivent mal le confinement ?) Et quand même elles seraient désoeuvrées, serait-ce donc si insupportable de continuer à les rémunérer sans les assommer de travail ?
D’autre part, quel respect pour leur santé, leur sécurité ! Les collègues qui sont/seraient volontaires pour aider les collègues des hôpitaux ou des EHPAD n’ont aucune réponse fiable en ce qui concerne leurs missions (quid de leur travail auprès des élèves, des collègues, des chefs d’établissements si elles travaillent ailleurs), leur contrat de travail, leur sécurité, la possibilité d’être testée etc.
Ah, j’allais oublier : les plateformes de renfort covid19 des ARS renvoient à MedGo, une start-up santé !
C. Infirmière scolaire