Le 31, nous répondrons encore plus nombreux-ses, encore plus déterminé-e-s, encore plus en colère, dans les manifestations et les occupations de place. On lâche rien !
Tout a commencé par un projet de loi qui a fuité dans la presse, par une mobilisation virtuelle à base d’une pétition qui a atteint le million de signatures, de youtubers qui ont lancé le hashtag #onvautmieuxqueça jusqu’à ce que le feu se propage dans les rues. Et pourtant, les directions syndicales, sans être très favorables au projet, n’ont pas franchement osé engager le bras de fer avec le gouvernement en n’appelant à se mobiliser que le 31 mars. C’était sans compter la colère des jeunesses pour qui c’était l’attaque de trop. Trop de précarité, trop de violence sociale, trop peu d’avenir, trop peu d’espoir. Après des années d’atonie, la loi travail a été l’étincelle qui allait allumer la colère. Une première mobilisation a été appelée pour le 9 mars. A Rennes, comme partout en France, les jeunes ont répondu présent-e-s, et multiplient les initiatives en attendant la mobilisation avec les salarié-e-s le 31.
Retour sur les deux dernières semaines de mobilisation.
AG, piquets de grève, blocages et débrayages, on s’organise !
Dés le lundi 7 mars, une première AG réunissant 150 personnes a eu lieu à Sciences Po Rennes. Le lendemain, c’étaient 450 personnes qui se réunissaient à Rennes 2 pour préparer ce début de mobilisation. Depuis, les AG se succèdent dans les facs et les lycées, toujours plus massives puisque ce sont 750 personnes qui se sont retrouvées à l’AG de Rennes 2 mercredi 23 mars. A Rennes 1, les AG ont commencé aussi, et même si la mobilisation est plus timide, elle y est bien présente jusque sous les colonnes de la très austère fac de droit. Partout, les AG ont acté de la constitution de comités de mobilisation chargés de faire vivre le mouvement. En parallèle, s’est aussi constitué un Comité de luttes rennais pour élargir le cadre de la mobilisation en dehors de la jeunesse scolarisée et des salarié-e-s, et pour réunir scolaires, précaires, chômeurs-euses et travailleur-euses à l’échelle de la ville.
A Rennes 2, depuis le 8 mars, on peut voir dans les allées les signes de la mobilisation : barrages filtrants, affiches – plannings sur les murs, tables de presse, la fac a repris le visage de luttes qu’on lui connaît. Tous les jours, les étudiant-e-s sont mobilisé-e-s sur les points d’information, où les ventes de cafés, gâteaux et crêpes remplissent la caisse de grève. Sciences Po de son côté a déjà été bloqué par deux fois lors des journées de mobilisation. En parallèle, lors des journées de mobilisation, les étudiant-e-s des établissements mobilisés vont débrayer, avec succès, facs et lycées des alentours avant de partir en cortège toujours plus nombreux de leurs universités.
Actions et manifestations, actions pendant les manifestations.
Dés la première journée de manifestation, le 9 mars, nous étions presque 10000 à défiler dans les rues rennaises, malgré une pluie glaciale, signe, que dés le départ, la jeunesse était déterminée à faire plier le gouvernement. Le 17 mars, la manifestation a été plus massive encore. Malgré la répression, les jeunes ont réussi à occuper et bloquer la gare de Rennes pendant plus d’une demi-heure, paralysant le trafic. Place de la mairie, la manifestation a su faire face aux violences policières et rester soudée, parvenant à rejoindre Rennes 2 en cortège. Et le 24, encore, une manifestation massive, et toujours plus déterminée, malgré un dispositif policier encore plus imposant. Si les médias n’ont gardé que l’image d’incidents le long du cortège, pour notre part, nous garderons en mémoire notre volonté de continuer à défiler, à ne rien lâcher malgré le harcèlement policier.
Toutefois, parce que mobilisations massives ne sont pas antinomiques avec des actions plus ciblées, preuve en est l’occupation de la gare par des milliers de manifestant-e-s le 17, que ce soit lors des journées de mobilisation ou sur d’autres moments, depuis le 9 mars, un certain nombre d’actions ont permis de faire vivre la mobilisation. Dés le mardi 15 mars, une manifestation en soirée a tenté d’approcher le siège du PS local, pour faire regretter leur trahison aux socialistes. Malgré l’important dispositif policiers protégeant le parti gouvernemental, la manifestation a continué dans les rues du centre ville. Mardi 22, les étudiant-e-s de Rennes 2 et les lycéen-ne-s ont pu immobiliser à nouveau le trafic ferroviaire en défilant sur les rails de la SNCF, avant d’être rejoint par le cortège du centre-ville et poursuivre en manif sauvage, bloquant les carrefours automobiles sur leur passage pour paralyser les flux au maximum. Le 24 au soir, devait avoir lieu un pique-nique au Parlement, dont l’important dispositif policier a empêché la tenue. Toutefois, les manifestant-e-s présent-e-s ont tenté de braver la répression et ont tout de même pu se faire entendre dans une rue de la Soif bien remplie en ce jeudi soir, obligeant la police a montrer son vrai visage aux yeux des passant-e-s apeuré-e-s par la BAC organisée en milice (selon un témoignage d’étudiant en terrasse ce soir là).
Leur répression ne fait que renforcer notre colère.
Rarement, un mouvement social de jeunesse a connu une telle répression. Que ce soit à Tolbiac où les flics ont évacué un amphi pour empêcher une AG de se tenir, à Lyon où la BAC est intervenue dans la fac pour arrêter un étudiant désigné par les vigiles, à Paris où un lycéen a été roué de coups devant son lycée par la BAC, à Nantes où un manifestant a été tabassé par la police, et partout ailleurs où les scènes de violence n’ont pas été captées par les caméras, partout la police gaze, matraque, tabasse, interpelle. Et Rennes ne fait pas exception à la règle. Le 17, place de la Mairie, seule la solidarité et la détermination des manifestant-e-s a permis d’éviter des arrestations en masse. Malgré tout, une personne a été arrêtée, et si les incohérences dans les témoignages des policiers qui ne savent plus quoi inventer pour remplir des dossiers d’accusation toujours plus vides, ont permis qu’il ressorte libre, nous serons nombreux-ses à venir le soutenir lors de sa convocation, pour exiger ensemble, l’abandon de toutes les poursuites. Le 22, lorsque le cortège parti de Sciences Po a tenté de rejoindre les étudiant-e-s de Rennes 2 à la gare, la police ferroviaire n’a pas hésité à gazer et matraquer les manifestant-e-s, blessant un jeune étudiant. Si les violences policières n’ont cessé d’accompagner le mouvement rennais, elles ont atteint leur point d’orgue le 24. Toute la manifestation a subi un harcèlement constant, des charges à tous les coins de rue, dans le but évident de faire refluer la manifestation hors du centre-ville. Si la détermination de tou-te-s, et la mobilité des cortèges parfois coupés en deux, ont permis de continuer de défiler, nous n’oublierons pas leur violence qui a blessé une lycéenne à la tête et les marques des tirs de flashball sur les corps des manifestant-e-s. Le soir, c’est le pique-nique prévu par le comité de mobilisation qui n’a pu se tenir, les CRS présents sur la place du Parlement dispersant tou-te-s celleux qui tentaient de se réunir, contrôlant et fouillant certain-e-s. Lorsque le petit cortège a tenté de rejoindre la place des Lices, pris en tenaille entre deux rangées de CRS rue de la Soif, les jeunes se sont fait matraquer avant de se faire enfermer dans une nasse pendant une dizaine de minutes, tenus en joue par des BACeux visiblement très fiers de leur armement.
Vendredi, c’est Nathalie Appéré, la très socialiste maire de Rennes qui a demandé l’interdiction des manifestations en centre-ville au préfet, justifiant a posteriori une répression a priori. Si nous dénonçons encore et toujours la criminalisation du mouvement social, des syndicalistes de Goodyear aux manifestant-e-s inculpé-e-s à Lyon et à Nantes, et les violences policières constantes, nous affirmons aussi que la répression ne nous fera pas plier, et qu’état d’urgence ou pas, ils ne nous empêcheront pas de manifester. Mais qu’ils ne s’étonnent pas d’entendre, partout dans les cortèges, crier « tout le monde déteste la police », si la seule réponse apportée à notre colère est celle des gaz et des matraques.
Le 31, nous répondrons encore plus nombreux-ses, encore plus déterminé-e-s, encore plus en colère, dans les manifestations et les occupations de place. On lâche rien !